60 millions de Français fichés dans une base de données commune des titres d’identité

Un décret publié pendant le pont de la Toussaint officialise la création d’un gigantesque fichier national.
samedi 5 novembre 2016
par  SUD Éduc

Voici donc le dernier monstre Cazeneuve- Urvoas né de l’union des Ministère de l’intérieur et de la justice.
A en croire les médias de masse, ce prodige de la procréation assistée par différents ministères, devrait permettre d’accroître l’efficacité des fichiers existants et de rattraper le retard que la France a accumulé (aussi dans ce domaine ? Oh, non !!!) par rapport à ses partenaires européens. Désormais les petits fichiers prématurés et chétifs des autres membres de l’Union Européenne, seront verts de jalousie face à ce colosse du fichage citoyen Français, aux pieds numérisés.
C’est à ne rien y comprendre. Nous serions le pays super, ultra, méga moderne capable d’affronter tous les défis économiques et structurels nationaux, internationaux et intergalactiques et surtout prêt à devenir la nouvelle Silicon Valley de l’Europe en accueillant les exilés du Brexit. Au paradis du bon investisseur, la sécurité de ses investissements est indispensable. Le choix de son implantation dépendra, aussi, de la capacité de l’Etat "hôte" à défendre ses intérêts par des lois, à coups de matraque et plus si nécessaire. Or, qu’apprend-on ? Que nos « gardiens de la paix » qui manifestent pour ne pas avoir à « l’instaurer », poursuivent les mafieux en trottinette, luttent contre le terrorisme avec des armes imprimées en 3D, travaillent dans des espaces ouverts retranchés derrière des dossiers empilés et que la présentation d’une carte d’identité ne serait pas une preuve suffisante de la véritable identité de celui qui la présente (vous suivez ?).
On nous dit, par la même occasion, qu’il devient nécessaire de rattraper le retard accumulé dans la modernisation des moyens pour lutter contre le terrorisme et de doter les agent de moyens administratifs, matériels et législatifs, de pointe et efficaces pour garantir leur sécurité. En ce qui concerne la nôtre, celle des "honnêtes gens" qui "n’ont rien à cacher", mais qui finissent par trouver irritant qu’on les regarde pisser par le trou de la serrure, cela semble mal engagé.
Alors qu’en 2012, un projet semblable hué par le PS, avait été rejeté par le Conseil Constitutionnel, 60 millions de Français vont donc voir leur statut modifié et passer de « simple citoyen » à « suspect en puissance ». On n’ en est plus à une incohérence près. Il est bon de rappeler que les précédents fichiers, qui vont former un grand tout, avaient déjà comme but déclaré de faciliter la délivrance et de sécuriser les pièces d’identité, devenues donc plus sûres, mais que l’on chercherait à sécuriser (vous suivez encore ?). Depuis le passage aux documents biométriques, ces services disposent déjà d’une multitude d’informations qui, de par les renseignements relatifs à la filiation, croisent ainsi les fichiers de plusieurs générations.
Pour nous, enseignants souvent implantés dans nos pays d’exercice, en lien étroit avec les populations locales, ayant fondé des familles multiculturelles dans des pays divers et variés, le danger est évident. Cependant, difficile de dire si le simple citoyen, à qui on rabâche sans cesse qu’il existerait de vrais gaulois et de faux déguisés en vrais, est conscient des dangers de l’existence d’une telle base de données. Difficile d’imaginer un seul instant l’usage tragique qui pourrait en être fait par un esprit malveillant qui en aurait l’accès, légalement ou pas. Quant à l’élargissement des données à l’affiliation à un parti, à la pratique d’une religion, à l’appartenance à un syndicat, à l’orientation sexuelle voire à certaines données médicales, je n’ose même pas imaginer. Par contre, le gouvernement turc actuel, lui, doit certainement avoir son idée sur le sujet...Vous suivez toujours ?
A.C
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