Attaque contre le droit de grève et le licenciement de Mathieu : les cheminots envahissent le siège de la SNCF à Strasbourg

samedi 26 octobre 2019
par  SUD Éduc

Ce jeudi à Strasbourg a eu lieu un rassemblement en soutien à Mathieu, cheminot et militant Sud rail, menacé de licenciement par la direction de la SNCF, qui lui reproche des faits, appuyé sur un témoignage à charge, alors qu’il était en grève. Excédés par l’acharnement dont fait preuve la direction contre Mathieu et le droit de grève, les cheminots ont envahi les bureaux de la direction régionale de la SNCF.

Plus de 150 cheminots ont envahi les bureaux de la direction régionale de la SNCF, près de la gare de Strasbourg ce jeudi 24 octobre. La raison ? Mathieu, cheminot depuis 18 ans, subit l’acharnement des chefs depuis 2016. A l’époque, pendant le mouvement contre la Loi Travail, lors d’une montée nationale à Paris le 14 juin, la direction de la SNCF reprochait à Mathieu de ne pas respecter les clauses de son contrat de travail, alors même qu’il était en grève. La direction lui reproche de s’être disputé avec une usagère du train, au retour d’une manifestation, mais au-delà du fait qu’il s’agit d’un seul témoignage que Mathieu et ses collègues contestent, rien ne permet par ailleurs d’identifier Mathieu précisément dans ce témoignage sur les faits précis qui lui sont reprochés.

A l’époque, l’inspection du travail a reconnu que le fait de se déclarer gréviste suspend le contrat de travail, et lui avait ainsi donné raison contre la direction. Cette décision avait par ailleurs été ratifié par le Ministère du travail. Mais trois ans après, la direction, bien décidée à faire payer sa combativité au syndicaliste, a saisi le Tribunal Administratif qui a annulé la décision de l’inspection du travail avec des arguments plus qu’inquiétants qui remettent en cause le droit de grève. En effet, le principal argument revient à dire qu’un gréviste ne devrait avoir un « pouvoir exorbitant » et que la direction devrait pouvoir licencier un salarié gréviste, même s’il ne commet aucune faute lourde, c’est-à-dire une faute qui aurait comme but de nuire à l’entreprise. Ce jugement du Tribunal Administratif pose un grave et dangereux précédent pour l’ensemble du monde du travail, au-delà même de la SNCF, car il passe outre l’article 2511-1 du code du travail qui établit clairement que le salarié gréviste n’est pas, le temps que dure la grève, sous le pouvoir disciplinaire de son employeur et donc ne peut pas être sanctionné sauf en cas de faute lourde. Le dossier doit maintenant revenir entre les mains des inspecteurs du travail, mais Mathieu ne pourra plus se défendre en démontrant qu’il s’était déclaré gréviste. Une véritable attaque contre le droit de grève, qui créera un précédent juridique, permettant donc son application à tous les grévistes. Ne pouvant laisser cette décision de justice vulnérabiliser les futurs grévistes, SUD-Rail a d’ailleurs décidé de faire appel.