Avenir lycéen, un syndicat modèle modelé pour Blanquer
par
Par Marie Piquemal et Charles Delouche Bertolasi — 20 novembre 2020 à 20:36
Jean-Michel Blanquer entouré des membres du Conseil national de la vie lycéenne, le 5 avril 2019. Parmi eux, une dizaine de membres d’Avenir lycéen. Photo Patrick Gely. Sipa
Après les révélations de « Mediapart » sur des dérives financières, « Libération » a interrogé d’anciens adhérents de l’organisation lycéenne. Ils décrivent comment la structure, officiellement apolitique, a été créée fin 2018 et pilotée depuis la Rue de Grenelle pour servir les intérêts du ministère et contrecarrer la mobilisation contre la réforme du bac.
Avenir lycéen, un syndicat modèle modelé pour Blanquer
Ces derniers jours, sa rancœur a atteint un nouveau palier. Un mélange d’aigreur, de colère et de désillusion. « C’est dégueulasse. On nous a utilisés, brossés dans le sens du poil en nous filant plein d’argent. Sans contrôle, encadrement, ni rien. Et aujourd’hui, des mineurs sont suspectés de détournement de fonds. Cette histoire est folle. » Clairanne Dufour, l’une des fondatrices d’Avenir lycéen, une organisation lycéenne peu connue qui revendique 400 adhérents, avait pourtant fait un long travail sur elle-même, pour couper, s’éloigner de tout ça. Plusieurs de ses camarades de l’époque ont fait de même, « dégoûtés de voir comment les choses se passent en vrai ». Avec cette douloureuse prise de conscience, « quand tu mesures que tu as été instrumentalisé ». Les récentes révélations de Mediapart les ont tous fait replonger. La semaine dernière, le site d’investigation démontrait, relevés bancaires à l’appui, la façon dont cette structure, officiellement apolitique, a touché 65 000 euros de subventions publiques du ministère en 2019 pour organiser un congrès qui n’a jamais eu lieu, préférant flamber l’argent en bouteilles de champagne, chambres d’hôtel à 300 euros et autres régalades… Le cabinet du ministre, alerté cet été selon le site, a laissé faire, en leur accordant même 30 000 euros supplémentaires pour 2020.
Premiers blocus
Après la publication de l’enquête de Mediapart, le ministère de l’Education a pédalé dans la semoule pour se justifier, lançant une enquête administrative avec l’espoir d’enterrer l’affaire. Raté. Libération s’est procuré d’autres pièces du puzzle, et nous sommes en mesure de démontrer comment l’idée de créer cette organisation lycéenne a germé Rue de Grenelle, dans l’entourage proche de Jean-Michel Blanquer, pour servir la communication du ministre, et surtout rompre tout dialogue avec les syndicats lycéens.
Éditorial La tentation est forte de sourire et d’imaginer Kad Merad adapter son rôle dans la série télévisée Baron noir au personnage de Jean-Michel Blanquer.
Retour en décembre 2018. A l’époque, le mouvement des gilets jaunes est à son apogée et la mobilisation gagne les lycées. Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale depuis plus d’un an, découvre ses premiers blocus. Il n’est pas habitué à la contestation, jusqu’ici ses réformes passent comme des lettres à la Poste, à l’image de Parcoursup. Il est aidé aussi par un alignement des planètes : l’Unef, syndicat étudiant englué dans des scandales internes, est hors-service. Mais à l’approche de l’hiver 2018, la situation se complique pour le ministre. Sa réforme du bac chamboule l’organisation des lycées. Un peu partout, des profs rallient les cortèges des gilets jaunes. Des lycéens leur emboîtent le pas. Le 6 décembre, le ministère annonce 360 lycées bloqués en France par des amas de poubelles. Louis Boyard, 18 ans à l’époque, représentant de l’UNL, syndicat lycéen qui revendiquait 7 000 adhérents, se retrouve propulsé sur tous les plateaux télé. « A partir du moment où on a appelé les lycéens à rejoindre les gilets jaunes, j’ai été invité partout. Je me suis retrouvé un peu porte-parole du mouvement du jour au lendemain. Ça m’a dépassé. » Le voilà convié, fissa, Rue de Grenelle, dans le cabinet du ministre. « Ils voulaient qu’on discute. J’ai répondu que des points de la réforme étaient à revoir. » Il sera reçu deux autres fois, coup sur coup, les 10 et 17 décembre. Puis, rideau. L’UNL ne sera plus conviée Rue de Grenelle pendant des mois.
« La com du rectorat »
Au même moment, en décembre 2018 donc, dans plusieurs académies, une même scène, étonnante, se répète. Des représentants lycéens, sortes de « superdélégués de classe » élus au Conseil académique de la vie lycéenne (CAVL), « une instance de dialogue entre lycéens et rectorat » (dixit le site du ministère), publient sur les réseaux sociaux des communiqués quasi identiques dans le ton et les mots employés, appelant les élèves à descendre de leurs barricades et à retourner en cours. Zoée Perochon-de-Jametel, 18 ans à l’époque, venait d’être élue au CAVL de Créteil : « C’était le tout début de notre mandat. Le rectorat nous a proposé d’écrire un communiqué pour apaiser le climat tendu. On se met d’accord avec les autres élus, on lit notre texte devant le recteur lors d’une réunion, qui nous demande de l’envoyer juste pour corriger les fautes d’orthographe. Et là… le texte qu’on nous renvoie est tout réécrit, avec une opposition ferme aux blocus, ce qui n’est pas du tout l’idée initiale ! » Sur WhatsApp, son interlocutrice à l’académie lui répond avec autorité : « Nous avons repris le communiqué avec la com du rectorat. C’est ce texte qui devra être énoncé. » Dans l’académie d’Orléans-Tours, Teddy Wattebled, 17 ans à l’époque, raconte la même chose : « Le rectorat nous a proposé d’écrire un communiqué. Sur le moment, je n’ai pas vu le problème. Je venais d’être élu, je ne savais pas exactement quel était mon rôle. » Ayant lui-même organisé la mobilisation dans son lycée, et militant à l’époque au Mouvement des jeunes communistes de France, il se lance dans un exercice d’équilibriste : « Plusieurs lycées ont adopté un mode de manifestation pacifiste devant leurs lycées, et c’est ce que nous encourageons aujourd’hui. […] Nous espérons de tout cœur que cette semaine sera marquée par un retour au calme, et non nécessairement par un arrêt des manifestations. Nous ne sommes pas mieux entendus lorsqu’il y a de la casse, bien au contraire, les revendications sont discréditées par l’Etat », écrit-il. Le rectorat lui répond, comme un prof qui corrige un élève : « Bravo pour ta volonté de bien faire. J’ai lu attentivement ta tribune. Hélas elle comporte à mon avis de très grandes maladresses et ne peut pas dans l’état être relayée par le CAVL. Tu pourras lire toutes les annotations que j’ai portées. » Confus et pantois, Teddy Wattebled s’exécute, en s’asseyant sur ses convictions. « Plusieurs lycées ont adopté un mode de manifestation pacifiste devant leurs lycées, bien que cette méthode soit plus appropriée, elle n’en reste pas moins illégale, le droit de grève n’étant pas reconnu pour les lycéens », écrit-il finalement.
Réseaux sociaux et hashtag
Le 9 décembre, nouveau conseil du rectorat sur sa boîte mail. Cette fois, le fonctionnaire de l’Education nationale lui explique comment rédiger ses messages sur les réseaux sociaux et quel hashtag utiliser. Un cours de community manager en somme : « Un #avenirlyceen a été créé par d’anciens élus CNVL et CAVL. Je vous propose de le mentionner chaque fois que vous communiquez sur la vie lycéenne. » Rien que d’y repenser, Teddy Wattebled en est malade. « Ils nous ont instrumentalisés en tant qu’élus lycéens. Evidemment que je l’ai fait, j’ai mis ce hashtag partout sans me poser de question. A l’époque, je n’avais jamais entendu parler d’Avenir lycéen. Je n’ai découvert ce syndicat que bien après ! » Quand il comprend des mois plus tard, il supprime un à un tous ses messages sur les réseaux.
A lire aussiJean-Michel Blanquer, le bon élève de la macronie
Comment Teddy Wattebled aurait-il pu savoir ? Le 9 décembre, quand le rectorat le « conseille » sur ses tweets et posts Facebook, l’association Avenir lycéen n’existe pas encore. Les statuts, que nous nous sommes procurés, n’ont été déposés en préfecture que trois jours après, le 12 décembre. Qui a soufflé à l’oreille du rectorat qu’il serait bien utile de mentionner ce hashtag, qui tournait déjà sur les publications de quelques jeunes et dans les réseaux des jeunes macronistes ? Difficile de croire que ce fonctionnaire du rectorat ait pris cette initiative seul dans son bureau. Alors, d’où venait l’ordre ?
Clairanne Dufour, l’une des fondatrices d’Avenir lycéen, répond d’un sourire, tellement, pour elle, c’est une évidence. A l’époque, elle aussi est une jeune élue du CAVL dans l’académie de Grenoble. Nathan Monteux, « un grand » à qui elle succède à ce poste, la prend vite sous son aile. Alors que les journées de blocus s’enchaînent, il lui explique que c’est lui qui a créé le hashtag #avenirlyceen, avec deux potes, Maxence Duprez et Marc-Olivier Lise, tous deux élus dans des CAVL l’année précédente. Le trio a noué au cours de son mandat des contacts étroits avec le ministère. Et d’ailleurs, Maxence Duprez dit échanger régulièrement en tant qu’ancien élu avec Jean-Marc Huart, à l’époque DGesco (directeur général de l’enseignement scolaire), un poste clé, un ministre bis qui orchestre les politiques éducatives.
Clairanne Dufour est convaincue que les débuts d’Avenir lycéen se sont écrits avec l’aide du DGesco. « Le ministère voulait qu’on entende dans les médias d’autres lycéens que les syndiqués type Louis Boyard. Il voulait donner de la visibilité aux élus des instances lycéennes, qu’il estimait plus légitimes. Sur le principe, pourquoi pas. Sauf que, et j’ai mis du temps à le comprendre, le vrai objectif du ministre, c’était de s’en servir pour exclure les autres syndicats. » Le 10 décembre, de retour d’un rendez-vous à Paris avec ses deux potes, Nathan Monteux annonce à Clairanne, qui avait tout juste 17 ans : « Tu seras une parfaite présidente. Une fille en bac pro, c’est bien pour notre image. Tu seras donc cofondatrice avec nous. » Elle rit en se remémorant cette phrase, comme pour s’en détacher. Nathan Monteux se défend aujourd’hui : « C’est une façon de présenter les choses. Elle voulait être présidente, on n’a forcé personne. » Clairanne Dufour fait partie des quatre cofondateurs, dans les statuts déposés en préfecture le 12 décembre. « J’ai été élue après un vote de 20 adhérents. Autant dire que ma légitimité… reprend-elle. Deux semaines après ma nomination, je me retrouve dans le bureau de la conseillère sociale du ministre. Là, je tilte direct. Maxence, surtout, il était comme chez lui. Il connaissait tous les conseillers, tous les directeurs de cabinets. Dans les couloirs, il tutoyait Jean-Marc Huart, le DGesco. Il l’appelait par son prénom. C’était complètement fou. » Clairanne Dufour ne décroche pas un mot de l’entretien, sciée.
« A 17 ans, j’étais malléable »
Dans les semaines qui suivent, en dehors des rendez-vous très réguliers Rue de Grenelle, Maxence Duprez et Jean-Marc Huart échangent par messages non-stop. « Quand on faisait une publication sur Insta ou Facebook, il nous envoyait une petite réaction ou un message genre "c’est top, c’est cool", "ça, c’est moins cool", etc. On a fait un séminaire de travail au mois d’avril. Huart nous a dit que ce serait "cool" si on pouvait communiquer, ça m’a marqué. » Elle farfouille dans son compte Instagram, à la recherche des pouces et des « like » laissés par « Jean-Marc ». Elle en repêche quelques-uns : un émoji de mains qui applaudissent quand elle poste un selfie devant le bureau de vote, un autre pour saluer une vidéo d’archives sur les droits des femmes…
Sollicité par Libération, Jean-Marc Huart, aujourd’hui recteur de l’académie de Nancy-Metz, ne souhaite pas s’exprimer (1). « Je rappelle simplement que dans le cadre de ces anciennes fonctions, j’avais des relations avec l’ensemble des associations et organisations lycéennes dans le cadre de leurs engagements », nous écrit-il. Giovanni Siarras, l’un des adhérents de la première heure, qui deviendra ensuite porte-parole pendant quelques mois, se souvient avoir croisé Jean-Marc Huart, quelques fois. « Il s’intéressait à nous, il nous parlait comme s’il nous connaissait très bien. Je me souviens qu’il m’avait demandé comment s’était passé mon concours d’éloquence, alors que c’était la première fois que je le voyais ! J’étais très content. » Il ajoute : « A 17 ans, j’étais malléable. » Clairanne Dufour explique que cette relation privilégiée avec le ministère était assumée, c’était l’un de leurs arguments pour recruter dans les lycées : « Notre message, c’était de dire qu’on avait l’oreille du ministre. Qu’à la différence des syndicats, nous, on était écoutés. »
Maxence Duprez, lui, préfère parler de « coconstruction ». Il cite la création des écodélégués, une idée soufflée au ministre par Avenir lycéen. Bouleversé par les dérives financières révélées par Mediapart, il a accepté de se confier. Lui reste aujourd’hui convaincu que les relations avec le ministère étaient saines, sans manipulation, ni arrière-pensée. « C’étaient des relations de travail. J’avais rencontré Brigitte Macron lors d’une action contre le harcèlement scolaire quand j’étais élu lycéen. J’ai eu la chance de déjeuner avec elle, et ensuite de nouer des liens de confiance avec Jean-Marc Huart. Le ministre avait besoin d’avoir en face de lui des lycéens avec un discours apartisan et sortir de l’opposition systématique. C’est juste ça. » Un proche de Jean-Michel Blanquer nous glisse, en parlant de ces jeunes d’Avenir lycéen : « Ah ça, des jeunes pareils, c’est le rêve de tout ministre. Ils étaient tellement gentils… » Clairanne Dufour, avec deux ans de recul : « J’ai vite compris le rôle politique que jouait Huart. On est beaucoup à l’avoir perçu comme ça. Maxence, non. Il n’y arrive toujours pas. » Le jeune homme, aujourd’hui en troisième année de fac de droit à Paris-I, ne voit d’ailleurs pas le problème quand on lui parle du poste de chargé de mission à la DGesco qu’il a décroché en avril en 2019, donc quatre mois après la création d’Avenir lycéen. « J’ai toujours fait le distinguo entre les deux. » Clairanne insiste : « C’est difficile d’accepter qu’on a été utilisé à ce point. Très dur. On n’a pas envie d’y croire. »
Pour les responsables des autres syndicats, cela ne fait aucun doute : « On voyait bien comment le ministère, à sa manière, voulait organiser la vie lycéenne. Une vie lycéenne ramollie, disons. » Un autre, préférant rester anonyme : « Ce n’était pas une orga progouvernementale, elle était pilotée directement par le ministère ! On le savait tous, ce n’était pas secret. Ils se voyaient tout le temps, s’appelaient tout le temps. » Pour Louis Boyard, le ministère ne s’en cachait même pas : « Je pense qu’ils étaient convaincus qu’aucun de l’intérieur [de Avenir lycéen] n’oserait parler. Par peur, par loyauté aussi. »
Dans cette parole qui se libère aujourd’hui, un épisode revient souvent : les élections du CSE, le Conseil supérieur de l’éducation, où siègent quelque 90 représentants de la communauté éducative, des enseignants, personnels administratifs, collectivités locales, parents, étudiants… et quatre lycéens, deux titulaires et deux suppléants. Un enjeu important pour les syndicats lycéens, en quête de visibilité. Nous sommes en avril 2019, Avenir lycéen existe seulement depuis quatre mois… et remporte deux postes au CSE. « J’aime à croire qu’on a gagné en bonne et due forme », dit Clairanne Dufour. Les élus du CSE sont choisis par un vote des représentants des CAVL, en lien régulier avec les rectorats. Elle raconte cette scène, « gravée à jamais », le jour du dépouillement Rue de Grenelle, avec les représentants des syndicats. « A l’annonce des résultats, je sors dans les couloirs pour appeler mes camarades, et là, je tombe sur Jean-Marc Huart avec un grand sourire, qui me sort : "Yes ! On a gagné !" »
Lors des séances au CSE, quel que soit le sujet sur la table, les deux élus d’Avenir lycéen étaient toujours sur la ligne du gouvernement, assure Zoée Perochon-de-Jamatel, élue elle aussi au CSE mais sur une autre liste. « C’était systématique. Même sur les programmes scolaires, où tout le monde était contre, eux étaient d’accord », raconte-t-elle. Elle marque un temps : « Enfin, si, une fois, ils ont voté contre : le jour où l’on a proposé d’intégrer la démocratie lycéenne au programme de terminale, pour que les élèves soient informés de leurs droits. Drôle, non ? »
« La sainte réforme »
Au sein même de l’association, les prises de position progouvernement finissent par créer des tensions. Giovanni Siarras tique en juin 2019 : « C’est lorsque j’ai commencé à prendre du galon dans l’association, à avoir des responsabilités, que j’ai mesuré le pouvoir du comité de veille. Ce comité réunissait les quatre fondateurs. Ils décidaient de tout. Avenir lycéen, c’était uniquement leur avis, qui émanait de cette petite bulle. Je me souviens des débats autour du service national universel [SNU]. Je venais d’être nommé porte-parole, j’ai consulté le bureau exécutif et l’ensemble des personnes qui gravitaient autour. Les avis étaient très mitigés. Limite contre. J’ai tourné le communiqué de presse en ce sens, en proposant des alternatives pour être dans la construction. » Le communiqué de Giovanni Siarras sera jeté à la poubelle et réécrit en deux heures par le comité de veille, affirme-t-il. « Apparemment, j’étais trop négatif… Pour eux, être dans la construction ça voulait dire oui à tout. Comme la réforme du bac, par exemple. Il ne fallait surtout pas critiquer quoi que ce soit. La sainte réforme ! Il fallait encourager et pondre je sais pas combien de communiqués de presse. Tout le temps. C’était la méthode. »
Deux semaines après l’épisode du SNU, nouveaux remous en interne. Cette fois : la prise de position sur la grève des notes du bac. Un moment inédit où, pour la première fois, des profs grévistes ont décalé le rendu des copies du bac pour protester contre la réforme. Axel, 15 ans l’époque, se souvient : « A ce moment-là, la plupart des membres étaient d’accord pour lancer une pétition, mais bon, les termes ont choqué. Plusieurs d’entre nous ont arrêté de croire en l’association à ce moment-là. » Extrait de la pétition d’Avenir lycéen : « Une poignée d’enseignants syndicalistes veut imposer sa loi. […] Aucun élève ne doit être pris en otage de ces blocages syndicaux. Nous réclamons des sanctions, envers ces récidivistes [les professeurs grévistes, ndlr] qui tentent de réduire à néant plusieurs années d’études pour un combat politique sans consistance. » Peu de temps après, Avenir lycéen reçoit 65 000 euros de subventions publiques. « Une somme importante, insiste Héloïse Moreau, présidente de l’UNL de juin 2019 à 2020. Nous, au même moment, ils nous ont réduit les subventions de moitié. C’était un vrai coup de pouce pour eux, pour recruter de nouveaux adhérents et monter en puissance. » Objectif manqué.
(1) Sollicité par Libération vendredi matin, Jean-Marc Huart a répondu par écrit, que « par principe [il] ne souhaite pas [s’]exprimer sur des sujets qui relèvent de [s]es anciennes fonctions. Je laisse donc à la DGesco le soin de vous répondre. » Plus tôt dans la journée, le ministère nous avait en effet indiqué que sur ce dossier, la communication était gérée Rue de Grenelle. Les réponses, pour le moins succinctes, nous sont parvenues juste avant le bouclage. A la question « avez-vous participé, aidé d’une manière ou d’une autre, à la création d’Avenir lycéen ? », le DGesco actuel, qui n’est pas mentionné dans notre enquête, répond : « A titre personnel, non. » Sollicités à plusieurs reprises, le cabinet du ministre Blanquer a renvoyé la balle à la DGesco… Jeu de ping-pong.
Marie Piquemal , Charles Delouche Bertolasi