De l’usage des caméras en manifestation

dimanche 29 novembre 2020
par  SUD Éduc

De l’usage des caméras en manifestation

Le 24 mai avait lieu à Paris une soirée de débats sur le rôle de l’image en manifestations. En sont sortis ces quelques réflexions que les organisateurs nous ont proposé de publier.

Trois mois de mobilisation l’auront confirmé : filmer lors d’une manif, d’un blocage, d’une occupation est dangereux. Pour ceux qui filment, que les forces de l’ordre molestent avec entrain, terrifiées qu’elles sont par la perspective de voir leurs exactions archivées. Pour ceux qu’ils filment, puisque la police, quand elle mettra la main sur ces images, les épluchera pour en faire des fiches répertoriant nos visages et nos actes. Sa méthode consistant désormais à produire les preuves par avance pour les tenir prêtes le jour où se présentera le besoin d’inculpés, on peut être sûr que l’autodocumentation de nos luttes court toujours le risque de servir d’auxiliaire à la préfecture, mais aussi aux hiérarchies qui pratiquent un large choix de sanctions administratives.

Faut-il pour autant renoncer à enregistrer, et prolonger l’habituel « Rien à déclarer » de la garde-à-vue par un « Ne rien filmer » qui minimiserait à son tour les périls ? Pas si évident : on commence à savoir que la « bataille des images » est aussi acharnée que celle de la rue, et qu’en abandonner le terrain aux médias à la solde des gouvernants reviendrait à fragiliser nos positions. Nous avons besoin de contre-récits, et d’images qui alimentent notre ferveur. Surtout, l’usage de ces documents est réversible – si certains servent de pièces d’accusation, d’autres peuvent innocenter des manifestants ou retourner le blâme sur la police.