Démocrature

dimanche 16 juin 2019
par  SUD Éduc

Violences contre les « gilets jaunes » : la police des polices officialise le déni

La directrice de l’IGPN a justifié l’absence de sanctions visant des policiers auteurs de violences, jugeant qu’à ce jour « aucune enquête n’a permis de conclure que la responsabilité d’un policier ». Son bilan jette un doute sur son impartialité, selon l’avocat spécialisé Me Arié Alimi.

L’impunité, d’ordinaire, est une machine silencieuse. Cette semaine, elle est sortie du bois. Brigitte Jullien, la directrice de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) depuis janvier dernier, l’a parfaitement incarnée, en justifiant lors d’un point presse, puis d’une interview au Parisien, l’absence totale à ce jour de sanctions à l’égard de policiers auteurs de violences contre des manifestants « gilets jaunes ». La haute responsable a contesté toute violence policière.

Témoin privilégié de ce déni, Michel Forst, rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des défenseurs des droits de l’homme, a dénoncé dans un entretien à Libération le « refus du dialogue par la France » au sujet de « son usage violent et excessif de la force » face aux gilets jaunes. Le rapporteur a révélé que le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, n’avait « pas daigné répondre » aux demandes d’entretien des deux rapporteurs venus il y a peu de temps spécialement à Paris, « de même que la direction de la police ».

L’ONU attend « des explications circonstanciées sur la brutalité de la réponse policière », a-t-il précisé en s’étonnant « de l’absence totale de sanctions disciplinaires à l’encontre des policiers ». « Comme tout le monde, l’ONU a visionné l’importante masse de vidéos mises en ligne après les manifestations, dont certaines font état de blessures très graves, a déclaré Michel Forst. Nous ne nions absolument pas le niveau de violences atteint lors de certains défilés, mais nous cherchons à évaluer la pertinence de la riposte et la nécessité de son extrême vigueur. A minima, nous aurions aimé des explications tactiques, de méthodologie, mais aussi et surtout un bilan comptable le plus exhaustif possible du nombre de blessés. Et bien entendu les circonstances dans lesquelles ces blessures ont été commises. »