Education Des inspecteurs de l’Education nationale alertent sur les « difficultés » de Parcoursup Par LIBERATION — 13 mars 2018 à 17:22

vendredi 23 mars 2018
par  SUD Éduc

« Le Monde » révèle une note interne des services de l’Education nationale qui met en garde contre les problèmes posés sur le terrain par la réforme de l’accès à l’université, mise en place à toute vitesse.

Des inspecteurs de l’Education nationale alertent sur les « difficultés » de Parcoursup

Elèves et parents apprécieront la nouvelle. A quelques heures de la clôture des vœux d’orientation – ce mardi à 18 heures – dans la toute nouvelle plateforme Parcoursup, une note interne de l’Inspection générale de l’administration de l’Education nationale et de la recherche (IGAENR), révélée par le Monde, met en garde contre une loi qui « pose des difficultés philosophiques ou techniques ». Ambiance.

« Dans beaucoup d’établissements visités, indiquent les inspecteurs dans leur note, les procédures d’examen des candidatures sont loin d’être formalisées » et « certains établissements ou communautés universitaires affichent une opposition ou une réserve à l’idée d’examiner et de classer des candidatures », lit-on dans le Monde. Autre problème repéré par les inspecteurs : « Peu d’universités intègrent à ce stade la dimension "réussite des étudiants". » Elles ne proposent donc pas des parcours d’accompagnement et de remédiation comme le prévoit le texte de loi.

Cette loi, baptisée « orientation et réussite des étudiants », modifie en profondeur et dès cette année les conditions d’entrée dans les universités. Pour l’instant, cette réforme n’a pas beaucoup mobilisé. Mais les choses pourraient changer jeudi : une journée de mobilisation est prévue à l’appel des syndicats lycéens. Le texte de loi, promulgué seulement la semaine dernière au journal officiel, soulève des interrogations dans sa mise en œuvre concrète.

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...Andréa est en terminale scientifique, et donc directement concernée. « Oui, enfin, j’ai rempli Parcoursup au cas où, mais j’y crois pas une seconde. J’ai pas d’assez bonnes notes pour aller à la fac. » Elle a 8 de moyenne générale. Avec ses parents, ils ont décidé qu’elle ferait une école de commerce privée. « ils vont emprunter, mais au moins comme ça je pourrai faire un truc. Mais bon. » Sa copine, avec 15 de moyenne, a postulé à la fac et dans les prépas. « En fait, maintenant, faut avoir de l’argent ou sinon être très bon élève. »

A quelques mètres, un groupe de profs de Seine-et-Marne tiennent le même discours. Ils sont une quinzaine de leur lycée à être venus soutenir les gamins. « Beaucoup s’autocensurent à fond. C’était déjà le cas avec APB, mais cette année, ça va être pire ! » parie Renaud, prof en sciences économiques et sociales (SES). Son collègue Nicolas : « Quand tu lis les attendus que demandent les universités, et que tu vois 30 000 dossiers de candidatures pour 800 pris, beaucoup d’élèves se découragent, renoncent en se disant que ça ne sert à rien, que ce n’est pas pour eux… J’ai un élève avec 15 de moyenne, il n’osait pas postuler à la fac. 15 de moyenne ! »

Renaud s’énerve aussi contre ces dossiers interminables à remplir, avec « ces putains » de lettres de motivation. « En ce moment, nos gamins, ils passent tout leur temps à ça, à essayer de les écrire, plutôt que de réviser leurs cours. C’est de l’élimination sociale, parce que pendant ce temps, les gosses de riches, ils paient une boîte qui écrit les lettres à leur place… »