Elections du 6 décembre. Tous les coups sont permis.

samedi 13 octobre 2018
par  SUD Éduc

Tout pouvoir a besoin d’une opposition de façade afin de faire croire vis à vis de l’opinion internationale au respect des règles démocratiques, aussi totalitaires que puissent être les décisions, comme c’est le cas avec les ordonnances. Cet été France Culture diffusait une émission sur les agents de la DGSE où il était clairement dit que toutes les organisations, sans exception, étaient infiltrées et que les agents n’avaient aucun état d’âme. Idem pour les services de la sécurité intérieure.

https://www.franceculture.fr/recherche?q=dgse

Les élections du 6 décembre marqueraient un tournant important dans notre pseudo démocratie. En affaiblissant les autres centrales syndicales et en compliquant le scrutin, le gouvernement cherche à renforcer la CFDT et les autres syndicats "collaboratifs et consensuels" qui signent avant même de lire les textes jusqu’au bout.
Attaques contre la puissante CGT sur une affaire de pouvoir, puis contre le fonctionnement interne de F.O entre violences et pouvoir, il faut espérer qu’ils nous considèrent comme quantité négligeable.
Ne nous réjouissons pas, le départ de certains militants ne serait pas synonyme de nouvelles adhésions, mais plutôt d’un désengagement et un affaiblissement des structures d’opposition au pouvoir de l’argent.
On aura beau prendre toutes les mesures possibles et imaginables, ils savent tout sur nous, plus que nous mêmes. Avec l’apparition d’Internet, on assiste à la disparition de la vie privée. Qu’on se le dise, commençons à chercher d’autres formes de communication plus sécurisées.
Quel sera notre lot ?
Violences et manifs qui tournent mal à cause des anarcosyndicalistesdemesdeuxquimériteraientqu’onlespendeparlescouilles ? Une affaire de sexe, de harcèlement, de pédophilie, de droit de cuissage ? Des irrégularités dans les financements ? Les ambitions politiques de certains cadres ? Le fonctionnement interne et les prises de pouvoir ? Les liens étroits entre les syndicats et les partis politiques ? La paranoïa des mouvements d’extrême gauche,la même qui animait le citoyen lambda à la belle époque de la STASI qui aurait fait figure d’enfant de cœur quand on connaît les moyens actuels dont ils disposent.
On pourrait ouvrir des paris, ça financerait les syndicats.
Voici pour celles et ceux qui n’ont pas suivi où on en est des nouvelles séries...

Pour F.O

La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) a effectué, vendredi 12 octobre, un contrôle au siège de Force ouvrière, avenue du Maine, à Paris, a-t-elle fait savoir au Monde. « Il s’agit d’un contrôle sur place et d’un contrôle sur pièces », a précisé la commission.

Ce contrôle fait suite à la révélation, mercredi par Le Canard enchaîné, de l’existence d’un fichier constitué en 2016 sur des cadres de FO par des proches de Pascal Pavageau, alors en lice pour succéder à Jean-Claude Mailly. M. Pavageau a été élu à la tête de l’organisation en avril 2018.

Ce document interne, que Le Monde s’est également procuré, recense une centaine de cadres de FO, à la fois les secrétaires généraux des fédérations professionnelles et ceux des unions départementales de l’époque. Certains se voient affublés de qualificatifs comme « niais », « bête », « franc-maçon », « ordure », « peu courageux », « complètement dingue », « non fiable », « collabo » ou encore « trop intelligent pour entrer au bureau confédéral ». D’autres voient leurs préférences politiques (« anarchiste », « trotskiste »), ainsi que leur orientation sexuelle supposée divulguée (« homo »).

Interrogé par Le Canard enchaîné, Pascal Pavageau avait reconnu l’existence de ce fichier et expliqué qu’il s’agissait d’une « belle connerie » et d’une « grave erreur ». « Pour moi, c’était un mémo, de l’ordre de la prise de notes, mais je n’avais jamais vu ni avalisé le résultat, qui est truffé d’âneries, de raccourcis », a-t-il commenté. Vendredi, le secrétaire général de FO n’a pu être joint.

Et... la CGT

Atlantico : La CGT tient un congrès du 18 au 22 avril pour préparer les trois ans à venir. Il y a deux ans, elle était secouée par le scandale Lepaon et la démission de son secrétaire général. Avec le recul, que sait-on de cette affaire aujourd’hui ? Que s’est-il passé ?

Dominique Andolfatto : La presse a eu communication – et révélé à l’opinion – des factures des travaux réalisés dans l’appartement acquis par la confédération CGT pour loger son secrétaire général. A l’époque donc Thierry Lepaon. Il est vrai que ce dernier, au contraire de ses prédécesseurs n’était pas parisien mais normand. Et il ne possédait donc pas de logement en région parisienne. Manifestement la presse a eu communication de ces factures par une personne travaillant à la direction de la CGT, voire dans l’entourage de Thierry Lepaon et cette personne n’était vraisemblablement pas animée de bonnes intentions – c’est peu dire – à l’égard de celui qui était alors secrétaire général de la CGT.

Ce document a fait les choux gras de la presse qui a dénoncé assez vite des dépenses somptuaires. Il est vrai qu’elles étaient élevées (quelques dizaines de milliers d’euros) sans être non plus astronomiques. Cela va pourrir la vie de Thierry Lepaon alors même que seront révélés ensuite son niveau de salaire (environ 4 000 euros) puis le montant d’autres travaux, entrepris cette fois dans son bureau à Montreuil, au siège de la CGT. Cette rémunération, supérieure à celle d’un smicard (mais peut-on là encore la juger extraordinaire s’agissant du responsable d’une des deux principales organisations syndicales françaises), puis ces travaux entrepris dans le bureau, vont alimenter un second scandale.

Mais le coup de grâce viendra d’une troisième révélation, sans doute la plus problématique pour Thierry Lepaon. On apprendra que le secrétaire général de la CGT, longtemps responsable syndical en Normandie, a touché des indemnités de licenciements lorsqu’il a quitté son poste en Normandie pour prendre sa nouvelle fonction à la tête de la CGT. Autrement dit, il dirigeait jusque-là une filiale de la CGT avant d’en prendre la tête et il est effectivement anormal – au moins sur le plan moral – qu’il ait touché des indemnités de licenciement en passant d’un poste à l’autre… car il n’a pas quitté entre-temps la CGT mais la servait toujours. L’enchaînement de ces révélations sera la cause de sa perte. Sa probité sera mise en cause.

Nicolas Perruchot : Comme souvent avec cette organisation on ne sait pas grand chose sur la manière dont l’affaire Lepaon a été orchestrée. Que ce soit les travaux dans son appartement de fonction ou ceux de son bureau, ces révélations n’ont pas d’origine connue. Mais elles ont abouti à la démission de Thierry Lepaon et ont révélé au grand jour une crise interne qui couvait depuis la sortie ratée de Bernard Thibault.

Dans quelle mesure l’éviction de Thierry Lepaon était-elle politique ? Dispose-t-on d’éléments permettant d’imaginer ce qui se jouait derrière son éviction ? A-t-il été poussé dehors par des rivaux qui ne le jugeaient pas assez à gauche ?

Dominique Andolfatto : Il ne fait pas de doute que ce sont des proches de Thierry Lepaon qui ont révélé tour à tour les travaux de son appartement, le montant de son salaire, les travauxde son bureau puis les indemnités de licenciements qu’il avait perçus tout en continuant à travailler pour une même entreprise en quelque sorte : la CGT. Il est évident que ces dénonciateurs n’étaient pas animés de bonnes intentions à l’égard de T. Lepaon. Sans doute, ce dernier a-t-il pu d’abord susciter des jalousies au sein de l’appareil de la CGT. Pourquoi quelqu’un qui n’était pas issu du sérail de la CGT, de son appareil central, accédait subitement à la tête de la CGT ? Sa désignation a éliminé en effet d’autres prétendants au poste, dans les starting blocks bien avant que l’on ait imaginé que celui-ci pourrait échoir à un certain Thierry Lepaon issu d’une lointaine Normandie (vue de Montreuil). Mais il est probable également que l’intéressé a assez vite déçu en interne. Il n’avait pas tous les codes pour s’exprimer au nom de la CGT. Il n’était probablement pas assez dans une stratégie de lutte de classe ayant beaucoup fréquenté le monde patronal, en tant qu’ancien responsable syndical de Moulinex. Il avait donc souvent été amené à négocier avec le patronat ou avec des responsables politiques. Il en avait acquis une certaine compréhension des revendications ou attitudes patronales. Cela ne pouvait que déplaire à une CGT - u à certains de ses cadres - qui depuis quelques années connaissent une nouvelle phase de radicalisation.

Nicolas Perruchot : Pour bien comprendre l’affaire de l’éviction de Thierry Lepaon, il faut remonter à la fin du mandat de Bernard Thibault. Thierry Lepaon a été élu par défaut en mars 2013 pour lui succéder. Ce dernier, faute d’avoir su organiser sa succession, a totalement raté sa sortie. Thibault a tenté d’imposer Nadine Prigent à la tête de la centrale de Montreuil, quand les cadres dirigeants préféraient la candidature d’Eric Aubin. L’arrivée de Lepaon s’est déroulée dans un climat de forte tension interne. Cette crise de succession était aussi la première depuis la « rupture » de la CGT avec le Parti Communiste dans les années 1990. Cette tension en interne est le fruit d’un affrontement plus ancien au sein de la centrale de Montreuil entre les tenants d’une centralisation de la CGT autour de sa direction confédérale et les défenseurs du fédéralisme. Or depuis plusieurs années, ces deux visions s’affrontent avec en toile de fond la question de la répartition des cotisations. Aubin était le candidat des fédérations et a fait campagne contre le centralisme incarné par le duo Thibault/Prigent. En prenant la tête de la CGT par défaut, Lepaon a mis les pieds dans une organisation fortement divisée sur son rôle politique, et sur la répartition des moyens entre chaque niveau de l’organisation.

Concrètement, quels sont les mécanismes d’une telle éviction ? Que dire des façons de faire de la CGT, mais aussi des autres organisations syndicales, en termes d’influence et de pouvoir internes ?

Dominique Andolfatto : Thierry Lepaon soumis à la pression de ses camarades mais aussi des médias et d’une partie de l’opinion n’a eu finalement que le choix de présenter sa démission. Dans un livre de témoignage publié il y a quelques mois, il déclare avoir été tenté également par le suicide.

Il a cherché toutefois à éviter cette démission en trouvant un compromis avec celui qui allait lui succéder, Philippe Martinez, qui dirigeait jusqu’alors la fédération de la métallurgie de la CGT.

On ne connaît pas exactement l’arrangement qui a été négocié mais il semble bien que Ph. Martinez ne l’ait pas respecté, estimant que Lepaon ne pouvait que partir.

Toute cette « affaire » révèle aussi que la direction d’une confédération syndicale ne constitue pas un long fleuve tranquille.

On peut y voir enfin le manque de transparence des dirigeants, syndicaux comme politiques. Dès lors, sauf à être irréprochable dans toutes les dimensions de sa vie publique et personnelle, un scandale peut assez facilement se développer. Sans compter que la presse et les médias sont friands de tels scandales. De fait l’affaire Lepaon a mis les projecteurs sur la CGT pendant plusieurs mois et évidemment nuit à l’image de la centrale syndicale, voire plus largement à celle du syndicalisme.

Nicolas Perruchot : Depuis la chute du mur de Berlin, puis l’effondrement électoral du Parti Communiste, les dirigeants de la CGT cherchent un moyen pour maintenir leur pouvoir et la propagation de leurs idées. La répartition des cotisations de la Confédération vers les unions et les fédérations devait permettre de conserver un pouvoir d’influence sur le terrain. C’est sur ce terrain que la crise a couvé et que l’affaire Lepaon a éclaté. L’ombre de Bernard Thibault semble planer derrière l’éviction de Thierry Lepaon, souvent décrit comme un leader peu charismatique et incapable de s’imposer au sein de la Confédération. Mais réduire son éviction à une forme de complaisance avec le patronat serait trop réducteur et trop simpliste.
Outre les motifs politiques et la volonté de s’émanciper de François Hollande, Thierry Lepaon avait-il la carrure pour revêtir le costume de secrétaire général de la CGT ? Quelle est sa part de responsabilité personnelle dans son éviction ?

Dominique Andolfatto : Il a pu sembler atypique par rapport à d’autres permanents de la CGT, et notamment par rapport aux hommes ou femmes d’appareils de la confédération (les permanents de Montreuil). Il n’était sans doute pas rompu au langage de ces derniers (on pourrait dire parfois à leur langue de bois). Il n’était pas forcément dans une logique de lutte de classe. Il a été confronté aussi à des problèmes de santé. Il semble que lui ait reproché enfin de ne pas s’investir suffisamment dans certains dossiers. Bon difficile d’en savoir plus sauf à avoir été dans l’entourage immédiat de l’ex-secrétaire général.

Si l’on s’en tient au scandale financier à l’origine de sa démission c’est manifestement le fait qu’il ait touché des indemnités de licenciement pour passer d’une fonction dans la CGT à une autre fonction au sein de la même structure qui est le plus moralement condamnable. Cela tend à révéler un milieu de professionnels du syndicalisme qui s’accommode de petits arrangements pour augmenter ses revenus. On est évidemment aux antipodes du syndicaliste qui passe traditionnellement pour quelqu’un de désintéressé sur le plan financier et consacre toute son énergie à la défense des intérêts des travailleurs. L’affaire Lepaon révèle cruellement que les syndicalistes ne collent pas nécessairement à ce qui semble finalement une image d’Epinal. Cela dit, comme déjà évoqué, des raisons plus politiques expliquent aussi l’éviction de T. Lepaon.

Nicolas Perruchot : Le costume était probablement trop grand pour lui. Mais il est surtout arrivé au pire moment ou presque à la tête de la CGT. Il aura sans soute sous-estimé la dimension très importante de ces conflits internes et sur-estimé ses capacités à faire oublier rapidement la fin de règne assez confuse de Bernard Thibault. En se plaçant sur le terrain politique, mais en étant incapable de définir une nouvelle ligne, Thierry Lepaon n’a pas été capable de projeter la CGT vers un syndicalisme moderne et plus transparent. Et comme au bon vieux temps des procès politiques, après avoir été lâché et lynché par les siens, il sera « blanchi » par une obscure commission d’enquête interne !!!