Et un petit pas de plus vers un État de non droit...Aujourd’hui, « Deux étudiants en journalisme interpellés pour avoir pris des photos de policiers (c’est pourtant un droit) »

vendredi 13 décembre 2019
par  SUD Éduc

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Deux étudiants en journalisme à Lille viennent de passer la nuit en garde à vue après avoir pris des photos pendant une manifestation. Ils ont écopé d’un rappel à la loi.

Baptiste est étudiant. Au sein de l’Académie de l’Ecole Supérieure de Journalisme de Lille, il suit une initiation au journalisme. Jeudi 12 décembre, dans l’après-midi, Baptiste a franchi une nouvelle étape dans sa découverte du métier. Alors qu’il photographie avec ses camarades les incidents en marge d’une manifestation contre la réforme des retraites, il est violemment interpellé par les forces de l’ordre, comme le montrent les vidéos prises sur l’instant. L’apprenti journaliste est emmené en garde à vue pour « violences sur un agent de police », selon La Voix du Nord. Une cinquantaine d’étudiants se rassemblent alors devant le commissariat pour manifester leur solidarité, appareils photo brandis. Selon eux, un cordon de policiers s’avance alors et les escorte pour qu’ils quittent le parvis. Quentin, un camarade de Baptiste, ne recule pas. Il finit lui aussi interpellé, vraisemblablement pour refus d’obtempérer, selon le directeur de l’école Pierre Savary, qui soutient ses étudiants : « D’après ce que j’ai vu sur les vidéos prises pendant la manifestation et les témoignages des jeunes, on a vraiment l’impression que le premier est interpellé parce qu’il prend des photos. Or prendre des photos, c’est un droit pour les journalistes, pour les étudiants, pour les citoyens. »

Après une nuit au commissariat, les deux étudiants sont sortis ce matin de leur garde à vue, écopant chacun d’un rappel à la loi. Leurs camarades prévoient d’organiser une marche mardi. Pour défendre la liberté d’informer, avant même d’avoir pu apprendre à informer. À moins que ce type de rencontre avec la police fasse désormais parti de l’apprentissage obligé du métier. Selon le collectif Reporters en colère, 24 journalistes ont été entravés dans leur travail, blessés en couvrant les manifestations du 5 décembre dernier, la plupart par des tirs de grenades lacrymogènes ou de désencerclement.