Fonction publique

Les mêmes obligations que les salariés du privé mais pas les mêmes droits ?
vendredi 23 mars 2018
par  SUD Éduc

Dans l’enseignement, faudrait-il rappeler que :
- Les enseignants sont recrutés sur concours soit externe soit interne. Pour se présenter il faut un certain nombre d’années d’études. Certains travaillent en étudiant, d’autres empruntent pour couvrir les coûts de longues formation.

- Comme dans le privé, un fonctionnaire peut aussi perdre son emploi en étant mis d’office en congé sans solde où se voir obligé de reconsidérer ses choix de vie.
A l’AEFE, la situation actuelle de réduction de postes en est la parfaite illustration.
Le fonctionnaire peut aussi être muté d’office ou suspendu temporairement.

- Le fonctionnaire doit souvent changer de ville voire de région afin de rejoindre son affectation. Des milliers de fonctionnaires gèrent de longs trajets et des séparations familiales pendant des années, d’autres doivent repenser leur projet de vie.
Où installer la famille ? Comment gérer des situations humaines de dépendance des ascendants par exemple ? Où envisager la poursuite d’études des enfants à moindre coût ?

- Beaucoup de salaires dans la fonction publique restent inférieurs à ceux du privé pour des emplois similaires et un niveau de compétences souvent supérieur. Les primes versées dans certains secteurs ne sont pas prises en compte pour la retraite.

- Dans certains secteurs comme l’enseignement, les salariés payent leur équipement (voiture, imprimantes, ordinateurs, scanner) pour pouvoir travailler à leur domicile ou rejoindre leur poste de travail qu’ils ne choisissent pas, qu’on leur attribue. Soumis aux mêmes normes d’imposition, ils n’ont pas de déduction supplémentaire.

- L’enseignant fonctionnaire ne dispose pour ainsi dire plus du droit à la déconnexion. Les services administratifs, saturés par les réductions de personnel, imposent des délais de plus en plus courts pour des tâches administratives de plus en plus lourdes et nombreuses.
Pour « boucler », le travail à domicile et les échanges avec les collègues hors temps de service deviennent le norme.

- Les « trous » dans les emplois du temps ne sont pas considérés comme des heures d’astreinte. Souvent confinés dans des structures sous équipées, sans bureau, dans des espaces de travail agités, sans réelle possibilité de s’isoler, effectuer des tâches de préparation ou de correction qui demandent de la concentration est difficile. Alors que le temps de présence dans l’établissement s’allonge au gré des réformes, tout le travail non effectué sur place hypothèque les fins de semaine, les activités culturelles, la vie de famille et la vie sociale. Les journées de travail ont comme seule limite la disponibilité des usagers et l’épuisement des salariés.

- Depuis la dernière réforme de notre statut, le nombre d’heures par semaine (toutes tâches confondues) peut aller jusqu’à 44. Parmi ces tâches multiples certaines étaient autrefois rémunérées. Les heures supplémentaires hors obligations de service deviennent habituelles, tout comme le travail bénévole. Depuis cette réforme, les réunions en tout genre se multiplient à l’envi avec des journées interminables pour pouvoir préparer nos cours et corriger nos copies. Il est évident que la nouvelle X ème réforme du BAC prévue, va encore aggraver la situation. Que dire de Parcoursup, une nouvelle usine à gaz, digne de la réforme des langues ?

- Le fonctionnaire n’a pas le droit au chômage s’il quitte la fonction publique. Il n’est pas prioritaire pour les formations.

- En activité, les droits à la formation sont restreints. En cas de congé de formation, le fonctionnaire s’engage soit à rester dans la fonction publique pour une durée trois fois supérieurs au temps de formation, soit à rembourser les indemnités perçues pendant cette période.

- Il n’existe pas vraiment de possibilité d’échapper à la condition d’enseignant. La plupart des formations proposées ne concernent que nos champs d’activité.

- Les fonctionnaires ne connaissent pas de plan social avec une possibilité de retraite anticipée en cas de fermeture de postes.

Comme dans la plupart des services publics, l’éducation aujourd’hui ne fonctionne que grâce à la bonne volonté de certains salariés, à leur engagement et à leur conscience professionnelle.
L’Éducation doit rester une priorité à moins que le gouvernement ne considère que pour former des citoyens formatés, manipulables, malléables et soumis aux règles imposées du profit et de la marchandisation du corps et de l’esprit ; des enseignants épuisés, méprisés, mal payés, mal formés, sans aucune reconnaissance sociale ni perspective, suffisent amplement...