Gilets jaunes : retour à la politique Par Jean-François Bayart, professeur à l’Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID), Genève — 7 février 2019 à 20:06

vendredi 8 février 2019
par  SUD Éduc

(...)Les deux premières priorités reposent sur les constats de la gravité de la crise climatique et de l’échec du néolibéralisme. Celui-ci a déstabilisé les services publics, à commencer par les chemins de fer, l’éducation et l’hôpital. Il a transféré sur les ménages le poids de la dépense publique. Il a aggravé l’inégalité et généralisé laprécarité, en bref, il a systématisé l’insécurité sociale. Il n’a répondu ni au chômage ni à la désindustrialisation. Ses méthodes de gestion - du partenariat public-privé à la tarification à l’acte dans les hôpitaux ou à la dématérialisation des formalités bureaucratiques - se révèlent coûteuses et improductives quand elles ne conduisent pas à de véritables scandales financiers, à l’instar de la privatisation des autoroutes ou des fiascos numériques dans différentes administrations. Les gilets jaunes disent clairement, des profondeurs du pays, que l’ordre néolibéral n’est pas supportable socialement parlant, en termes de pouvoir d’achat et de conditions concrètes de vie. Pour parler comme les technocrates, il n’est pas « soutenable ».
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(...)Le moment est donc venu de construire une offre politique neuve qui donne un débouché gouvernemental à la colère sociale, quitte d’ailleurs à susciter un contre-projet, lequel permettrait de dégager, après trente ans de pensée unique, une alternative au sens français du mot, c’est-à-dire un choix entre deux modèles de société que le suffrage universel pourrait départager.
(...) Source : Libération