Grève des cheminots : Souffrez, c’est pour votre bien !

mercredi 5 juin 2019
par  SUD Éduc

Plusieurs documents dévoilent une situation alarmante à la SNCF, en raison des suppressions massives d’emplois et d’une réorganisation permanente des services. Les managers locaux peinent à trouver des réponses à la mesure du malaise.

Les mots des experts sont d’une rare gravité : « Un malaise très largement répandu », « une dégradation très sensible des indicateurs de santé au travail des agents », « des agents en état de grande fatigue émotionnelle »...

Ce constat, consigné dans un rapport remis aux salariés de la SNCF le 1er mars 2019, émane du cabinet d’expertise Addeo, diligenté fin 2018 par le comité d’hygiène et de sécurité des agents de vente et d’escale de Lille. La zone est réputée au sein de la SNCF comme une des meilleures équipes de vendeurs de France. Mais depuis deux ans, et une réorganisation visant à fusionner progressivement les métiers de vendeur avec ceux d’agent d’accueil et d’escale, ses salariés sont plongés dans une détresse inquiétante. En témoigne un taux d’absentéisme qui explose de 20 % depuis 2016, pour atteindre un mois par an et par salarié en moyenne, ainsi que des accidents du travail en forte augmentation, notamment pour « choc émotionnel » (1). Au cours des 70 entretiens individuels conduits par le groupe d’experts (environ un tiers des effectifs de l’unité), « un nombre très inhabituel d’agents ont fondu en larmes », écrivent les auteurs.

Cette alerte sur l’évolution des conditions de travail à la SNCF est loin d’être isolée. Les médecins du travail internes à l’entreprise usent également de mots particulièrement graves : « angoisses » et « syndromes dépressifs sévères » chez des agents « déstabilisés » et font face à des « idées suicidaires ».