Inscrire dans le code de déontologie des fonctionnaires enseignants la possibilité de l’affirmation d’une objection de conscience, notamment sur le plan pédagogique, motivée, éthique et responsable, serait une avancée décisive

lundi 2 décembre 2019
par  SUD Éduc

Le fonctionnaire-citoyen doit donc se poser cette question : est-ce que les conditions pour désobéir sont remplies et est-ce que l’acte public que je vais accomplir est proportionné à l’injustice commise ? Par cette accumulation de réformes destructrices du service public d’éducation, les enseignants-désobéisseurs sont convaincus que le contrat de justice entre les citoyens a été modifié sans l’accord d’une des parties car la baisse de la qualité de l’enseignement se traduira directement par une plus grande inégalité entre les citoyens. Cette désobéissance, ciblée sur le terrain pédagogique en ce qui concerne les enseignants du primaire, est proportionnée et ajustée. Elle s’appuie par ailleurs sur les propres textes de l’Education Nationale, notamment sur la liberté pédagogique ou les recommandations sur les rythmes de l’enfant.

Agir en enseignant de façon éthique et responsable, c’est bien, selon l’esprit des propositions de Paul Bert, faire œuvre de discernement vis-à-vis des circulaires et des injonctions hiérarchiques et refuser toute obéissance inconditionnelle malgré notre statut de fonctionnaire ; c’est envisager la possibilité d’une objection de conscience ciblée pour affirmer haut et fort la prééminence des valeurs et de l’éthique sur les ordres contraires à l’intérêt supérieur du service public d’éducation ; c’est faire œuvre de création et d’innovation, parfois à rebours des règlements imposés, pour être davantage au service du progrès et de la réussite de tous les élèves ; c’est s’organiser collectivement et coopérativement pour que l’école d’aujourd’hui soit annonciatrice d’une société plus juste et plus solidaire.

La désobéissance éthique et responsable au sein du service public d’éducation est aujourd’hui un fait, certes minoritaire, mais suffisamment significatif pour que le débat sur l’obéissance et la désobéissance des fonctionnaires soit reconsidéré à de nouveaux frais. À cet égard, il est probable qu’inscrire dans le code de déontologie des fonctionnaires enseignants la possibilité de l’affirmation d’une objection de conscience, notamment sur le plan pédagogique, motivée, éthique et responsable, serait une avancée décisive. Elle serait source d’intelligence et de dialogue partagés avec notre hiérarchie et non de pressions, de contrôles et de sanctions, réponses révélatrices d’une conception de l’autorité et de la gouvernance d’un autre temps.

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