Je ne reverrai plus le monde

jeudi 12 septembre 2019
par  SUD Éduc

Ces Textes de prison présentent une caractéristique inattendue : le détachement. Altan s’attendait à son arrestation, de même qu’à celle de son frère. Son père avait lui-même été arrêté lors du coup d’État de 1971. Son paquetage est prêt, les policiers arrivent en nombre et surarmés face au « terroriste ». Ils perquisitionnent mais ne font aucun zèle, comme s’il s’agissait plutôt d’un rituel. Pendant ce temps, Altan prépare le thé en précisant : « Ce n’est pas un pot-de-vin, vous pouvez en boire » ! Son père avait prononcé la même phrase, 45 ans plus tôt, mais il s’agissait de café. Ceci amène l’écrivain à la réflexion suivante, qui n’a rien de rassurant : « Comme ce pays ne se déplace que très lentement dans le cours de sa propre histoire, le temps n’y fait jamais marche arrière ; il se retourne pour s’appesantir sur lui-même. » Il s’agit donc de « Quarante-cinq ans d’un seul matin ».