LREM prêts à faire des alliances avec le RN ? National socialisme l’économie de guerre

jeudi 26 mars 2020
par  SUD Éduc

De nombreuses personnes de tout bord appartenant au monde des affaires, à la finance, à la science et à la presse réagirent aux effets néfastes de la crise économique mondiale en élaborant et en présentant des projets centrés sur la nation. Ces réformateurs, comme on les appelait, constataient l’échec de la conception libérale d’une économie mondiale qui se serait régulée d’elle-même par le jeu de l’offre et de la demande. Hjalmar Schacht sera le maître d’œuvre de la politique économique du Troisième Reich. Les idées de Gottfried Feder ont aussi joués un rôle essentiel dans la formation des concepts économiques du NSDAP.

L’idée de la planification et de l’autarcie qui permettrait de résoudre les crises futures commença à se répandre de plus en plus. Son cadre devait cependant s’étendre au-delà des frontières du Reich fixées par le Traité de Versailles. Dans le monde entier des blocs économiques étaient en train de se constituer ; parmi eux l’Angleterre et la France avec les colonies qu’elles possédaient. Dans leur projet les « réformateurs » imaginaient une union avec les États baltes, l’Autriche, l’Europe de l’Est et des Balkans. Cette zone, dont les contours pouvaient varier, était désignée sous le nom d’Europe du Centre. À l’intérieur de cet espace produits agricoles, matières premières et produits manufacturés devaient être échangés en franchise de droits de douane, la production étant contrôlée par l’État. Bien sûr la prééminence reviendrait à l’Allemagne. Il n’y aurait plus d’économie mondiale mais des économies sur de vastes zones.

Ces idées furent une aubaine pour le parti nazi qui, avant la crise économique mondiale, ne disposait d’aucun projet économique sérieux. L’idée centrale d’« espace vital » prôné par l’idéologie d’Hitler pouvait s’intégrer dans la théorie de l’économie sur une zone plus vaste. L’autarcie devint un mot d’ordre dans les idées économiques du parti nazi, qui se hissa à la deuxième place lors des élections au Reichstag de septembre 1930. La dégradation de la situation économique est à l’origine du sentiment de saturation de la population qui favorisa la montée de ce parti.

En parlant d’« économie de guerre » on veut dire par là « qu’en temps de paix l’économie nationale doit être conçue pour la guerre. »1 Quelques jours après son entrée en fonction, Adolf Hitler signifiait que ce n’était pas seulement le programme de création d’emplois qui jusqu’à la fin de 1933 devait absorber 3,1 milliards de marks, qui serait capable de surmonter la crise économique. Une extension de la base territoriale du Reich d’un point de vue raciste et par une politique de force était la conception idéologique du parti nazi. La reconstitution d’une force armée était indispensable pour une expansion territoriale reposant sur la violence. La mise en œuvre de l’idéologie de l’espace vital (lebsensraum) et d’un programme d’autarcie exigeait une utilisation appropriée des moyens de l’État. Des spécialistes de différentes branches, comme des militaires, des journalistes et des économistes convenaient qu’en temps de paix les besoins de l’économie étaient entre autres les suivants :

Prise en compte des besoins en matières premières pour l’industrie de la défense et l’industrie civile dans son ensemble
Approvisionnement en carburant
Adaptation des transports aux nécessités militaires à venir
Adoption des dispositions nécessaires pour financer les dépenses de guerre directes ou indirectes

À partir de la fin des années 1930, la monnaie allemande, ayant connu une inflation continue depuis les années 1930, avec l’introduction massive de bons du trésor, payables auprès de la Reichsbank, voit sa valeur dépréciée auprès du public, qui s’en sert de moins en moins au fil des années, comme l’atteste le développement du troc, rendu possible par la création de structures de troc au niveau des municipalités2. Cette pratique du troc, conséquence de l’utilisation de l’inflation comme mode de financement de l’économie dans les années 1930, montre la crise de l’économie de l’Allemagne nazie, crise dont la guerre repousse le déclenchement tout en amplifiant les symptômes3.

Dès le déclenchement des hostilités, le blocage des prix et des salaires est décrété et une partie de la législation sociale abrogée (ce qui signifie annulée)4 ; cependant, cette politique, facteur de contestations, dut être aménagée, en raison notamment de la pénurie de main d’œuvre, à laquelle on remédie par l’emploi des déportés et des travailleurs forcés venus de toute l’Europe occupée4.

Karl Bracher (trad. Frank Straschitz, préf. Alfred Grosser), Hitler et la dictature allemande : naissance, structure et conséquences du National-Socialisme, Bruxelles, Ed. Complexe, coll. « Bibliothèque Complexe », 1995, 681 p. (ISBN 978-2-870-27569-6, OCLC 722815260, lire en ligne [archive]).