La « République numérique » dans le texte

Passage des déclarations d’Axelle Lemaire, la secrétaire d’Etat chargée du numérique, a porté le projet de lol.
dimanche 27 septembre 2015
par  SUD Éduc

Quels sont ces grands principes que vous défendez ?
Le premier, c’est la neutralité du Net. Nous commençons à être impatients, parce que c’est fondamental. La neutralité des réseaux, le principe d’égalité, de non-discrimination, c’est ce qui a fait la fécondité d’Internet, tant d’un point de vue citoyen que d’un point de vue économique. Ce principe doit être gravé dans le marbre. Ensuite, il y a la question des grandes plateformes du Net. Il y a une iniquité fiscale totale entre les opérateurs, qui paient l’impôt, et les plateformes qui ne s’en acquittent pas. C’est en train de changer au niveau européen sur la TVA, mais sur l’impôt sur les sociétés, ça n’est pas réglé. Il faut aussi consacrer le principe de « loyauté des plateformes », dont nous avons discuté avec le Conseil d’Etat. Un algorithme ne cherche pas à être neutre, mais il faut qu’il soit loyal envers ses utilisateurs. Nous proposons la création d’une agence européenne de notation de la loyauté, qui soit capable de faire un travail d’expertise pour dire, par exemple, si un moteur de recherche porte atteinte au droit de la concurrence. Il y a également la portabilité des données, avec la capacité pour un utilisateur d’embarquer ses données d’un service à un autre ou de les partager, et l’autodétermination informationnelle, la possibilité de décider de l’utilisation de ses données personnelles. Celles-ci sont trop souvent dans un flou juridique : on ferme les yeux en signant des conditions d’utilisation généralement illisibles, dont on ne sait pas de quel droit elles relèvent. Les principes doivent primer sur ces conditions d’utilisation. La grande difficulté de tous ces débats, c’est qu’ils sont technologiques en apparence, mais dans le fond très politiques. Si vous parlez à quelqu’un dans la rue de neutralité du Net, il va probablement vous répondre qu’il ne sait pas ce que c’est, que cela ne le concerne pas. Alors que sa liberté d’expression, ou sa capacité à créer une entreprise pour devenir le nouveau Google, sont tributaires de ce principe.

Ce qui saute aux yeux est qu’Internet est avant tout un outil financier (3 mesures sur 4 pour s’assurer de récupérer du fric, ce qui veut dire, qu’ils en ont fait beaucoup et qu’ils ont laissé faire...). ça m’étonnerait fort que la redistribution de cette manne fasse partie des perspectives. Le début de l’article parle de neutralité et non pas "d’expressions multiples et divergentes". Qui dit neutralité dit pensée ultra libérale. A-t-on besoin d’une autre loi pour la renforcer ? Quant aux données personnelles (ah, ah ! je ris...) la dernière loi votée donne au gouvernement la possibilité d’archiver des données mais aussi celles des personnes avec qui on communique en toute légalité, sans droit de regard (le droit existe, mais dans les faits ils te transmettent ce qu’ils veulent) et à l’infini.
Et revoilà le fameux principe de loyauté, mais cette fois- ci envers des citoyens. Promis juré, on leur mettra une note. Oui, c’est bien mais...à quoi elle servira ?
Et celui de liberté d’expression. Oui, mais encadrée, il ne manquerait plus que l’on puisse s’exprimer comme on veut.
Pour citer Bernardo Arenas, écrivain cubain exilé aux USA dans le film "Antes que anochezca" "La différence entre une démocratie et une dictature c’est que dans une démocratie, quand tu reçois un coup de pied au cul, tu peux crier". Depuis, les temps ont bien changé. Tu peux crier oui, mais pas n’importe où, n’importe quand, n’importe comment et pas contre n’importe qui...
Qu’en est- t- il de la liberté de pensée orientée, confisquée, imposée par une multitude d’informations vraies, fausses, tronquées, qui ne cessent de déferler en fonction de ce que les décideurs veulent inculquer aux citoyens, à travers, entre autres, les filtres des moteurs de recherche ?
De l’aveu même de la secrétaire d’état, le NET est un outil politique, encadré par les politiques, au service des politiques et monopolisé par les politiques. Le plus inquiètent est de se demander qui contrôle les politiques...