La décroissance et l’idée de progrès : entre progressisme et conservatisme critiques

vendredi 7 septembre 2018
par  SUD Éduc

A l’heure du tout numérique et face aux discours simplistes qui associent toute prudence et résistance au monopole des grands trust de la communication, voici un article qui peut nous permettre de construire un argumentaire.
Dans un souci permanent d’être à la pointe du progrès, tout en réduisant les coûts, certains des établissements du réseau se laissent tenter par « des plateformes éducatives » proposées par GOOGLE (par exemple) dont on connaît la fiabilité en termes de respect des données personnelles à travers des affaires révélées dernièrement...
Ainsi, le fruit de nos recherches et de notre travail se retrouve sur des plateformes que l’on nous assure restreintes mais accessibles aux enseignants et aux élèves.
Il y a eu l’individualisme des années 80 qui prônait de se différencier de la masse, « l’ apprendre à apprendre », puis « le travail en autonomie » (qui aura servi de prétexte pour augmenter les effectifs à l’envi) et enfin les cours en ligne qui dispensent les étudiants de suivre les cours en présentiel...
Malgré tout, l’Éducation est toujours présentée comme un ulcère qui dévore le budget de l’État, trop chère et trop lente dans l’effort inutile de s’adapter aux constantes métamorphoses de l’hydre productiviste et des façons de vivre qui en découlent.
Et si l’école de demain, que nous préparent les têtes pensantes, n’était qu’un hologramme d’enseignant « Ubersisé » dispensant le même cours au domicile de centaines d’élèves qui n’auraient plus à se déplacer ?
Les établissements scolaires ne seraient plus que des lieux d’accueil pour les moins autonomes, les moins bien équipés, les plus modestes. Ils seraient soumis à la promiscuité d’un quart monde à « la sociabilisation contrainte et forcée » , notion d’un autre âge dans un monde où le contact humain serait réduit au strict minimum.
Bref, « le progrès », tend à diviser, isoler, cloisonner, il nous ramènerait à cet âge de pierre dont le retour est utilisé par certains comme ultime argument pour adopter tout et n’importe quoi en le présentant comme « un progrès » derrière lequel ils refusent de voir un privilège dans la façon de vivre de 25% de l’Humanité dont la pérennité ne dépend que de la sobriété forcée des 75% restants.
Ne serions- nous pas en route vers l’utopie élitiste de l’entre soi sans frontières et sans contact avec les autres « castes » à travers des communautés connectées qui pourraient accéder à une éducation, choisie en ligne par les familles, dans un catalogue de prix ?