La force publique a été requise parce que ces élèves de CM2 auraient commis une « apologie du terrorisme ».

vendredi 13 novembre 2020
par  SUD Éduc

À l’heure où les enfants dorment encore, tôt jeudi 5 novembre, des escouades de policiers cagoulés tambourinent à la porte de quatre appartements de la cité des Contamines à Albertville. On vient saisir au saut du lit une fille et trois garçons de 10 ans. La force publique a été requise parce que ces élèves de CM2 auraient commis une « apologie du terrorisme » et des « menaces de mort ». Deux jours plus tôt, leur instituteur avait trouvé une lettre où était écrit « T mort », au lendemain de l’hommage rendu à Samuel Paty. Les enfants en auraient d’une certaine manière justifié l’abject assassinat – à lire le procureur –, argumentant qu’offenser le Prophète est interdit, et que leur instituteur serait mort lui aussi s’il présentait à ses élèves des caricatures de Mahomet, comme l’avait fait le professeur de Conflans-Sainte-Honorine. Les termes exacts, et donc leur portée objective, ne sont pas certains. À aucun moment cependant n’ont été esquissées de menaces directes envers l’enseignant – le procureur est revenu sur sa première formulation qui l’affirmait abusivement. Il n’empêche : les quatre présumés apologues précoces ont subi neuf heures de « retenue judiciaire » pour interrogatoire. Perquisitions. Les familles, d’origine turque, ont été questionnées. Résultat : rien, aucun signe de radicalisation ni de lien avec la lettre. Une polémique enfle, poussant le ministère de l’Intérieur à démentir que la police ait fait usage « d’une force démesurée » : « Elle a fait son travail, dans le respect de la loi. »