La nouvelle violence politique
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Pour le plus grand malheur de ceux qui veulent distinguer, le casseur et le simple manifestant ne sont pas deux catégories bien séparées. Le devenir-casseur du militant politique est souvent d’abord un phénomène mimétique. On voit des modérés, ni authentiquement pacifistes, ni délibérément attentistes, prendre goût à la mascarade lacrymogène, aux mouvements d’aller-retour, aux manifestations sauvages, aux « charges » contre la police et aux lancers de projectiles. Nombreux sont ceux qui se déguisent en casseurs, et ne cassent absolument rien. Face à l’équipement de la police, les masques de ski, les lunettes de piscine, les casques de moto, les boucliers de fortune ne peuvent être appelées des « armes » qu’à titre parodique. Il faut les comprendre comme des accessoires d’apparat, des costumes de guerriers ou des instruments d’intimidation symbolique, sur un théâtre d’opération dont quelques barricades de fortune servent à planter le décor.