La pandémie, pas un « chèque en blanc » pour bafouer les droits humains

jeudi 9 avril 2020
par  SUD Éduc

La pandémie de coronavirus ne doit pas être un « chèque en blanc » pour bafouer les droits humains, a averti jeudi la Haute Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Michelle Bachelet. « Les mesures d’urgence doivent être nécessaires et proportionnées », a ajouté l’ancienne présidente du Chili à l’occasion d’une réunion virtuelle, la première de son histoire, du Conseil des droits de l’homme à Genève.

Face à la pandémie, de nombreux pays ont pris des mesures extraordinaires, comme en Hongrie où les pleins pouvoirs ont été accordés au premier ministre Viktor Orban pour légiférer par ordonnances dans le cadre d’un état d’urgence à durée indéterminée. « Dans certains cas, l’épidémie est utilisée pour justifier des changements répressifs de la législation ordinaire, qui resteront en vigueur longtemps après la fin de l’urgence », s’est inquiétée Mme Bachelet, sans mentionner de pays.

Elle s’est également dite « préoccupée » par les mesures prises dans certains cas pour limiter la liberté des médias et la liberté d’expression, craignant que la « prétendue lutte contre la désinformation » risque d’être utilisée pour faire taire les critiques. « Dans certains pays, nous avons déjà vu des rapports faisant état de journalistes pénalisés pour avoir fait état d’un manque de masques, de professionnels de la santé réprimandés pour avoir dit qu’ils manquaient de moyens de protection et de gens ordinaires arrêtés pour avoir publié des messages sur la pandémie sur les réseaux sociaux », a-t-elle dénoncé, rappelant que « la critique n’est pas un crime ».

Mme Bachelet a appelé tous les gouvernements à « accroître considérablement l’accès aux informations et à des statistiques précises » sur la pandémie, soulignant que « la transparence est primordiale et peut sauver des vies en cas de crise sanitaire ». Son appel intervient alors que ces derniers jours certains pays, organisations et dirigeants, parmi lesquels le président américain Donald Trump, ont émis des doutes sur les chiffres chinois.

Mme Bachelet a également appelé les pays à protéger les populations les plus vulnérables à la crise sanitaire, telles que les détenus, les pauvres, les femmes et les migrants. « Si elle n’est pas maîtrisée, la pandémie risque de créer des inégalités encore plus grandes », a-t-elle estimé, réitérant son appel en faveur d’un assouplissement des sanctions internationales frappant les pays comme l’Iran.
(Source « Le Monde »)