Le sel de la terre

mardi 29 octobre 2019
par  SUD Éduc

Une bouleversante ode à Sebastião Salgado, l’un des plus grands photographes humanistes, dont l’œuvre est ici sublimée par la caméra de son fils Juliano Ribeiro Salgado et celle du réalisateur Wim Wenders.

Un chercheur d’or adossé à un poteau en bois au milieu de la fourmilière de la mine d’or de Serra Pelada au Brésil. Devant cette photographie qu’il découvre pour la première fois dans une galerie, Wim Wenders déclare : « Je ne savais pas qui l’avait prise, mais je me suis dit que ce devait être un grand photographe et un aventurier. » L’auteur de ce cliché n’est autre que Sebastião Salgado, un ancien économiste et réfugié politique brésilien, tombé amoureux de la photographie à 29 ans grâce à sa femme Lélia. Sa passion le poussera à explorer les quatre coins du monde. À travers son objectif, il révèle depuis quarante ans les grandes tragédies humaines : la famine au Sahel, les exodes de population en Yougoslavie ou encore le génocide au Rwanda, qui le marque profondément. « Je ne croyais plus en rien. Personne ne méritait de vivre. » Désillusionné, le photographe se détourne de son art. Accompagné de son épouse, il décide de rentrer au Brésil, sur sa terre natale du Minas Gerais, et de reboiser dès 1998 les terres arides de la ferme familiale. Après huit ans de travail, le couple ressuscite l’écosystème de la mata atlântica, la forêt primaire. Ce vaste chantier redonne espoir à Salgado qui reprend son appareil pour démarrer un nouveau projet photographique intitulé « Genesis », hommage magistral à la nature et sa beauté.

Regards croisés
Après avoir brossé le portrait de la chorégraphe Pina Bausch en 2011, le réalisateur allemand Wim Wenders pose son regard sur un autre artiste qu’il admire, Salgado. Une impressionnante quantité de clichés d’un intense noir et blanc défile sous les yeux du spectateur, commentés face caméra par le photographe, isolé dans une sorte de chambre noire. Parmi ces images étonnantes : le portrait déchirant d’une femme touareg aveugle, réalisé en Éthiopie en 1984, dans lequel transparaît « l’amour de Salgado pour les êtres humains ». Coréalisé avec le fils du photographe, ce sublime documentaire à trois voix est également une puissante réflexion sur la condition humaine.
En français ici
https://www.arte.tv/fr/videos/080121-000-A/le-sel-de-la-terre/