Est-ce seulement une histoire d’amour que nous conte Leonora Miano dans son dernier roman, Rouge impératrice (Grasset, 2019) ? Les deux protagonistes, Boya et Ilunga incarnent la rencontre passionnelle autant que conflictuelle entre deux formes de rationalité. On retrouve la vision du monde, empreinte d’espérance et de spiritualité, qui donne son souffle à l’oeuvre de l’écrivaine depuis ses débuts.

Dans un style qui célèbre la connaissance des corps, intellectuelle et charnelle, la romancière et essayiste met en scène la survivance d’une souveraineté féminine. Par-delà cet enjeu, Leonora Miano représente une liberté de parole qui tisse de nouveaux liens entre les cultures et les langues. L’expression de paroles singulières, reconnues comme uniques autant qu’exceptionnelles, est ainsi centrale pour l’écrivaine. Elle rend également un hommage vibrant aux grandes figures qui l’ont inspirée, de l’écrivaine Toni Morrison à la chanteuse activiste Abbey Lincoln, en passant par Nina Simone.