Les organisations syndicales et les groupes militants d’opposition infiltrés et manipulés par la police.

mercredi 4 septembre 2019
par  SUD Éduc

« Nous savons que nos mouvements sont infiltrés, la question n’est pas là », assure un témoin de l’assemblée générale nocturne du vendredi, qui décrit par ailleurs des méthodes d’approche « à la hussarde » de bénévoles ou d’activistes par la police pour obtenir des renseignements, sur le campement du contre-sommet cet été à Hendaye.

Le mercredi 21 août, déjà, le ton avait été donné avec la découverte de deux policiers en civil, au milieu des protestataires, dans les travées du campement. « Ils avaient un comportement bizarre, ils observaient tout ce qui se faisait », explique un militant.
Le 27 août 2019, une femme, identifiée sous divers pseudonymes, est accusée d’avoir infiltré plusieurs groupes agissant contre les violences policières et la répression. Depuis le contre-sommet du G7 à Hendaye, où deux policiers en civil ont aussi été repérés et chassés, elle a disparu, alimentant l’inquiétude et les fantasmes, notamment à Toulouse, où elle a été très active ces derniers mois au sein des collectifs de « gilets jaunes ».

Elle avait notamment accès aux contacts et messages envoyés ou reçus depuis ce mail, ainsi qu’à la base de données de suivi des procès et aux codes Facebook du groupe Défense collective.

Il ne s’agit pas simplement de fantasmes. Récemment, une taupe de la DGSI aurait été démasquée par des militants de la gauche radicale ayant combattu au Rojava.

« Il a fallu te piquer ton téléphone pour tomber sur les mails que tu envoyais, raconte un ex-compagnon de route. Tu avais balancé les détails de notre formation, de nos organisations, de nos identités. Finalement, au vu des témoignages recoupés et des ennuis que nos différents camarades ont eus à leur retour en France, l’évidence est apparue : tu nous as tous minutieusement balancés, tout en jouant au bon camarade. »

Les indicateurs au sein des différentes mouvances de la gauche radicale sont considérés comme des sources d’information précieuses par les services de renseignement, qui ont le plus grand mal à décrypter les intentions de militants « passés maîtres dans l’art de la dissimulation et de la lecture des dispositifs policiers », comme ils les décrivaient dans certaines notes courant 2015.

De la même manière, au printemps dernier, lorsque des militants d’ultradroite avaient tenté de prendre langue avec certaines figures des gilets jaunes, un service de renseignement, par la grâce d’un indicateur, était aux premières loges. A priori, à chaque fois, dans un cadre rendu légal par la loi sur le renseignement adoptée au printemps 2015.