Loi Sécurité : les colères enfin déconfinées

samedi 28 novembre 2020
par  SUD Éduc

Les Marches pour les libertés, qui se sont tenues samedi 28 novembre dans 70 villes, ont donné lieu à des mobilisations inattendues et spectaculaires. À Paris, plus de 100 000 personnes (200 000 selon les organisateurs) ont défilé pour dénoncer les violences policières et « la dérive liberticide » d’un pouvoir accusé d’instrumentaliser le confinement pour passer en force. Récit et témoignages.
C’est l’événement que redoutait le gouvernement. Les Marches pour les libertés, qui se sont tenues ce samedi 28 novembre dans 70 villes en France à l’appel du collectif « Stop loi sécurité globale », ont donné lieu à des mobilisations inattendues et spectaculaires. Rien à voir avec les quelques milliers de participants, samedi 21 au Trocadéro, à Paris.

Cette fois, ce sont des dizaines de milliers de personnes (sans doute plus de 200 000 dans tout le pays) qui ont pris la rue pour protester contre « la dérive autoritaire et liberticide du gouvernement », selon un manifestant croisé à Paris.

Il n’était plus guère question du seul article 24 de la loi dite « sécurité globale », article qui vise à empêcher de filmer et diffuser les interventions de policiers. Il était encore moins question de mobilisations pouvant apparaître comme petitement corporatistes, celles de journalistes empêchés d’exercer leur métier. Ces derniers étaient massivement minoritaires dans les foules denses de manifestants.

Samedi, les citoyens se sont enfin déconfinés pour défendre leurs droits fondamentaux : liberté d’expression, liberté d’information, liberté de manifester, droit à la sécurité donc à un contrôle public de la force publique. Ce sont des colères et des refus divers qui se sont agrégés : contre les violences policières et l’impunité organisée, contre le préfet de police de Paris Didier Lallemant et son ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, contre un pouvoir accusé d’utiliser la crise sanitaire et le confinement pour s’en prendre aux droits fondamentaux.

À Paris, la diversité des manifestants, leur jeunesse aussi, témoignait de ces inquiétudes multiples : journalistes, syndicalistes, « gilets jaunes », étudiants et lycéens, militants politiques, une centaine d’élus d’Île-de-France, mais aussi le Comité Adama et d’autres collectifs contre les violences policières et d’innombrables associations de défense des droits humains. Ces Marches pour les libertés étaient d’ailleurs appelées par une coordination de plus de 70 syndicats et collectifs