Manifestations à Toulouse, un maintien de l’ordre « disproportionné » selon un « observatoire citoyen »

mercredi 17 avril 2019
par  SUD Éduc

Nos Politiques sont tellement obsédés par l’argent et le profit, qu’ils ne savent plus faire la différence entre spiritualité et religion.

Si même la Croix se met à défendre la liberté d’expression des Gilets Jaunes...
Un allié de poids pour les Gilets Jaunes : Dieu
Un retour à théologie de la libération ?

Corinne Laurent le 17/04/2019 à 13:59

L’Observatoire des pratiques policières de Toulouse présente, mercredi 17 avril, un rapport à charge sur le dispositif de maintien de l’ordre et le respect des libertés publiques. Cet observatoire réunit la Ligue des droits de l’Homme, la Fondation Copernic et le Syndicat des avocats de France.

Grièvement blessé à la tête par un tir de flash-ball dans le secteur de la gare Matabiau, à Toulouse, Benoît a porté plainte s’estimant victimes de violences policières. / Xavier de Fenoyl/La Dépêche du Midi/MaxPPP

Cinquante manifestations observées entre le 1er mai 2017 et le 3 avril 2019 : l’Observatoire des pratiques policières (OPP) de Toulouse a présenté, mercredi 17 avril, un rapport dénonçant « un dispositif de maintien de l’ordre disproportionné et dangereux pour les libertés publiques ».

Les violences policières sous l’œil des médias

Conçu après les manifestations contre la loi « travail » au printemps 2016 et formellement créé en mars 2017, l’OPP de Toulouse se veut un « observatoire citoyen ». Il réunit la Ligue des droits de l’Homme, la Fondation Copernic et le Syndicat des avocats de France. Notes, photos, vidéos : il a étudié, avec l’aide de chercheurs du CNRS pour s’appuyer sur une méthode scientifique, les pratiques et les dispositifs policiers mis en place lors de manifestations de rue.
« Une escalade dans les armements »

Identifiables par des gilets bleu et jaune avec le sigle de leurs organisations, 24 observateurs ont suivi pendant deux ans les manifestations toulousaines et ils en ont dressé un bilan en trois temps : des manifestations déclarées correspondant à des mouvements sociaux traditionnels, du 1er mai 2017 à fin octobre 2018 ; puis des manifestations de « gilets jaunes », de mi-novembre à fin décembre 2018 et de janvier à mi-mars 2019.

Dans une première série de conclusions, l’OPP note « des dispositifs disproportionnés », dès les manifestations sociales contre la loi « El Khomri », et « une escalade dans les armements » à partir de décembre 2018.

L’usage du LBD validé par le Conseil d’État

Il observe ainsi un « usage immodéré » des lanceurs de balles de défense (LBD), un « large usage » des grenades assourdissantes (GLI-F4) et grenades de désencerclement (GMD), ainsi qu’une « utilisation massive sans précédent à Toulouse » des gaz lacrymogènes. Eux-mêmes « ciblés » et parfois blessés, les membres de l’observatoire demandent « l’interdiction définitive » de ces armes dans l’équipement des policiers.
« Une véritable stratégie de la peur »

Lors des manifestations de « gilets jaunes », l’OPP s’interroge sur l’attitude de certains groupes de policiers, affirmant par exemple avoir « vu les BAC (brigade anticriminalité) prendre des distances avec les codes et les lois, et le montrer », notamment par des « provocations visuelles, attitudes arrogantes, non-port de brassards police ». L’observatoire remarque aussi « un problème de gestion » de la dispersion des manifestations et remet en cause le comptage des « casseurs » par la préfecture de la Haute-Garonne.

Les Sages censurent la loi « anticasseurs »

Les membres de l’OPP livrent en conclusion des hypothèses sur une évolution de la doctrine française du maintien de l’ordre, en particulier « la mise en place d’une véritable “stratégie de la peur” visant à dissuader les citoyen-ne-s d’utiliser librement leur droit à manifester ».

D’après eux, « il ne s’agit plus désormais de limiter au maximum toutes les formes d’incidents violents pour permettre un déroulement dans le calme des manifestations, mais de dissuader purement et simplement les manifestants d’occuper l’espace public et de mettre fin à la protestation sociale par un usage immodéré et disproportionné de la force publique ».

Alors que la France est régulièrement montrée du doigt pour ces pratiques policières (la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) l’a condamnée et l’ONU interpellée) l’observatoire toulousain estime que « la force publique est désormais clairement utilisée comme substitut du dialogue social et de la gestion politique de la contestation ».
Corinne Laurent