Maria : « Les policiers m’ont enlevé ma vie » . Témoignage de la violence ordinaire dans un Etat de non droit.

samedi 16 novembre 2019
par  SUD Éduc

Rouée de coups de pied par des policiers, Maria, 19 ans, a eu le crâne fracturé et le cerveau atteint. Dix mois plus tard, à Marseille, elle reste sous surveillance médicale. Dans un entretien à Mediapart, elle revient sur les conséquences physiques et psychiques de ces violences et sur les suites judiciaires.

Voici pourquoi : j’ai, dès le 19 décembre, signalé à l’IGPN, sur leur plateforme, les violences que j’avais subies. Ma mère est venue et m’a aidée, lorsque j’étais hospitalisée, à constituer mon dossier. Il y a au moins sept personnes que je ne connais pas qui ont témoigné et l’une des témoins, qui a été très choquée, m’a convaincue, avec ma mère, de le faire. Ma mère est allée déposer plainte une première fois au commissariat. Du moins, elle a essayé parce que le policier a refusé en lui disant : « Vous croyez qu’on va prendre une plainte contre nous ? »

Elle n’a pas osé m’en parler parce que j’étais encore très mal physiquement. Elle m’a juste dit d’y aller une fois remise. C’est ce que j’ai fait deux semaines après ma sortie d’hôpital. C’était dans un autre commissariat. La policière a appelé son chef. Et là, il m’a prise pour une idiote en me disant que le signalement que j’avais fait sur la plateforme de l’IGPN suffisait. Je lui ai dit que non. Il a refusé ma plainte. Vu mon état, je n’ai pas insisté. Après j’ai surtout essayé de surmonter mon état physique et mon traumatisme avant de trouver un avocat pour faire les démarches.