Mobilisation mondiale des jeunes pour le climat

samedi 16 mars 2019
par  SUD Éduc

(Source : le figaro)

Mobilisation mondiale des jeunes pour le climat

Dans plus de 100 pays, des milliers de lycéens et étudiants ont séché les cours contre le réchauffement climatique. Du jamais vu.

Le mouvement lancé il y a quelques mois par la jeune Suédoise Greta Thunberg, 16 ans, n’en finit pas de prendre de l’ampleur et touche désormais plus de 100 pays sur tous les continents. Dans le monde entier, du Japon au Canada en passant par l’Europe, des centaines de milliers de lycéens et de collégiens ont séché les cours vendredi pour manifester en faveur d’une action plus rapide et plus franche contre le réchauffement climatique.

« Agir maintenant ou nager », affichait une pancarte, à Wellington, la capitale néo-zélandaise, où des centaines de lycéens et étudiants ont commencé cette journée de manifestation. « Les leaders d’aujourd’hui vont vieillir et mourir, et laisser derrière eux un monde en ruine », dénonce Sadrach Mirere, étudiante, qui coordonne le mouvement à Kampala en Ouganda, pays en proie à des crues et des glissements de terrain de plus en plus fréquents.
Greta Thunberg, l’adolescente suédoise à l’origine de la « grève de l’école pour le climat », participe à une manifestation le vendredi 15 mars dans le centre de Stockholm, en Suède. Devenue une véritable icône pour la lutte contre le réchauffement climatique, celle-ci a été proposée pour le Nobel de la paix 2019.

Difficile d’établir un décompte exact du nombre de jeunes qui ont marché ce jour dans le monde entier, mais le site Internet Fridays For Future (« le vendredi pour le futur ») recensait plus de 2000 lieux, dans un total de 123 pays différents. Des chiffres qui illustrent une mobilisation sans précédent. C’est en Europe, où le mouvement est né, que les manifestations étaient les plus nombreuses, avec l’Italie, la France et l’Allemagne en tête. Le mouvement citoyen Campact avance le chiffre de 300.000 jeunes, pour « la plus grande manifestation pour le climat de l’histoire de l’Allemagne ». Des chiffres difficiles à vérifier, mais il y avait au moins 10.000 personnes à Berlin, 8000 à Munich, 5000 à Brême ou Francfort.

« Ma génération n’a pas réussi à répondre au défi dramatique du réchauffement climatique. C’est normal que les jeunes soient en colère »

À Londres, plus de 10.000 jeunes, bien plus nombreux que les semaines précédentes, se sont rassemblés devant le palais de Buckingham, après être passés devant Downing Street. La police belge a recensé 30.000 marcheurs à Bruxelles, l’une des villes d’Europe où la mobilisation a été la plus précoce. Les jeunes manifestants étaient aussi très nombreux en France, plus de 100.000 dans tout le pays. Au total, le collectif Youth For Climate avance que plus d’un million de personnes ont manifesté pour le climat à travers le monde, et 168.000 en France.

Vendredi, Greta Thunberg relayait sur Twitter des images de cortèges au Japon, à Helsinki, Venise, Luxembourg ou, plus modeste, au Vanuatu. Elle était pour sa part, comme la plupart des vendredis depuis le mois d’août dernier, installée devant le Parlement suédois à Stockholm, avec des centaines de jeunes grévistes à ses côtés. « Nous venons de naître au monde, cette crise, nous allons devoir vivre avec, et nos enfants et nos petits-enfants et les générations futures », a-t-elle prévenu.

Aux États-Unis, la grève de l’école a commencé à 11 heures du matin, d’abord dans les grandes villes de la côte est, Washington, New York et Boston, puis dans le reste du pays jusqu’à la Californie. Malgré l’engagement des pays pris lors de l’accord de Paris pour limiter le réchauffement à + 2° C par rapport à l’ère préindustrielle, les émissions de CO2 continuent de croître et placent notre planète sur un réchauffement qui risque de dépasser 3 ou 4 degrés en 2100.

Cette forte mobilisation de la jeunesse a reçu le soutien de nombreux scientifiques, ainsi que du secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres : « Ma génération n’a pas réussi à répondre au défi dramatique du réchauffement climatique. C’est normal que les jeunes soient en colère. »
Dans le cortège parisien, des collégiens de 12 ans marchent « pour l’avenir »

Si plusieurs dizaines de milliers de jeunes ont manifesté dans toute la France vendredi contre le réchauffement climatique, le défilé le plus imposant a été celui de Paris, avec 29.000 personnes selon la préfecture, 40.000 selon les organisateurs, entre le Panthéon et les Invalides. « Et 1, et 2 et 3 degrés, c’est un crime contre l’humanité ! », ont-ils chanté à intervalles réguliers, alternant avec des chants comme Bella ciao, l’hymne des partisans italiens. Au sein de cette foule, on repère le président de l’Union nationale lycéenne (UNL), Louis Boyard, mais aussi des représentants de la Fage (Fédération des associations générales étudiantes), de l’Unef et d’Attac, une inévitable poignée de « gilets jaunes » ainsi que des dizaines de scouts reconnaissables à leur foulard autour du cou.

« On est la génération maudite » : un jeune scout s’exprime pendant la marche pour le climat à Paris
Ce vendredi 15 mars, des milliers de jeunes se réunissent à Paris à l’occasion de la grève mondiale pour le climat. Ils manifestent contre le réchauffement climatique, dans le cadre du mouvement lancé par Greta Thunberg.

Ces lycéennes du lycée Louis-Le-Grand ont réduit leur consommation de plastique, n’achètent plus leurs vêtements qu’en friperie et se lavent les dents avec une brosse à dents en bambou

Une foule composée majoritairement d’étudiants et de lycéens mais aussi, ce qui est plus étonnant, de très nombreux collégiens, hauts comme trois pommes. Jade, Églantine, Roméo et les autres : ce petit groupe d’élèves âgés de 12 à 13 ans vient du collège Jean-de-La-Fontaine (XVIe arrondissement) et ont séché les cours « avec l’accord » de leurs parents. « Nous sommes les premiers concernés par le changement climatique, nous sommes l’avenir », expliquent-ils, très affirmés, brandissant leur panneau bricolé « Pas de nature, pas de futur ».

Malgré leurs 12 ans, Gabriel, Victoire et Sarah du collège Lamartine (IXe arrondissement) n’en sont pas à leur première manif. Avec leurs parents, ils ont déjà participé à d’autres défilés contre le réchauffement climatique, « contre Marine Le Pen » ou encore « pour le mariage pour tous ». Comme beaucoup, ils sont très admiratifs de l’initiatrice du mouvement, Greta Thunberg : « Elle est très directe, parle simplement devant des gens importants du monde entier. Nous sommes plus sensibles à son discours qu’à celui d’adultes », expliquent-ils.

Ces lycéennes du lycée Louis-Le-Grand ont réduit leur consommation de plastique, n’achètent plus leurs vêtements qu’en friperie et se lavent les dents avec une brosse à dents en bambou. Ces étudiantes de Lavoisier et Fénelon, âgées de 15 et 16 ans, sont devenues pour l’une « activiste » depuis février, mois lors duquel elle a décidé de devenir végétalienne et de militer à Amnesty international. Elle a aussi arrêté « d’acheter neuf ». Les parents de la seconde « mangent bio » et « m’ont sensibilisée au féminisme et à l’écologie. Aujourd’hui, c’est à nous de prendre la relève ». Pour ces jeunes filles, il faut « davantage taxer les industriels polluants ». Même raisonnement pour ces étudiantes en sciences et en philosophie à l’École normale supérieure qui brandissent une pancarte hostile à Macron « parce qu’il incarne le capitalisme ». Des étudiants de l’École polytechnique ont aussi rejoint le cortège. Dans un communiqué de leur établissement, ils ont exprimé « leur solidarité au mouvement en rappelant l’importance de ne pas dépasser le seuil d’augmentation de 1,5 °C de réchauffement, comme le recommande le rapport du Giec », le groupe des experts de l’ONU.