Qu’il est simple et doux de se dire à Paris que tout va bien à Guéret (et ailleurs dans la France oubliée)

mercredi 3 avril 2019
par  SUD Éduc

La Cour des Comptes a publié le 21 mars un rapport concernant l’accès aux services publics dans les territoires ruraux.

Il est tombé bizarrement à point nommé, en plein mouvement des gilets jaunes dont une des revendications est l’accès aux services publics, au moment de la présentation du projet de loi fonction publique et juste avant la fuite du fameux rapport sur le temps de travail dans la fonction publique.

Ce rapport ne fait ni plus ni moins que nier l’abandon des territoires par les services publics et argue du nécessaire déploiement de la fibre sur les zones blanches pour généraliser la numérisation.

Le rapport indique ainsi que la dématérialisation des procédures doit « pour beaucoup de services, devenir le modèle d’accès normal et apporter une solution pour compenser un accès physique limité ou distant en zone rurale”

Pensez-vous réellement que ce soit uniquement d’internet dont la population a besoin ? Que ce sont des explications sur comment se connecter et faire des démarches sur les sites internet ? Pensez-vous vraiment que ce sont des démarches internet qui combleront le vide laissé par l’abandon des services publics ?

C’est bien plutôt de services publics faits de contacts humains, de services publics de qualité qui n’impliquent pas juste de discuter avec une machine, de services publics exercés par des agent-e-s formé-e-s dont les gens ont besoin.

Deuxième réponse miracle pour la cour des comptes… Les maisons de services au public… Attention, pas un endroit qui permettrait de rassembler l’ensemble des services publics auxquels la population devrait avoir accès au plus près de chez elle… Non, généralement, les maisons de services au public se résument à donner accès à un ordinateur et une personne, non formée aux différentes problématiques (d’ailleurs comment pourrait-on être à la fois un-e agent-e des finances publiques, de Pôle emploi, de la DGCCRF etc…) chargée d’aiguiller et d’expliquer comment prendre un rendez-vous ailleurs…

Qu’il est simple et doux de se dire que tout va bien, là-bas, à quelques centaines de kilomètres quand vous n’avez pas le risque de voir une femme accoucher sur le bord d’une route... que vous n’avez pas besoin d’une voiture pour conduire votre enfant à l’école, pour vous rendre au Centre des Finances publique à l’autre bout du département...

Ce rapport arrive, comme par hasard, au bon moment pour justifier les orientations gouvernementales en matière de casse des services publics et de destruction de la fonction publique.

Pour Solidaires, ces orientations et les justifications qu’on leur donne ne sont pas admissibles. Il faut bien au contraire remettre partout dans les territoires, au plus près des usager-e-s des services publics de qualité, exercés par des fonctionnaires, permettant une réduction des inégalités sociales et territoriales et assurant la cohésion sociale.