Quand la gestion des conflits devient impossible La crise définitive du syndicalisme vertical (1958 – 1975)

samedi 18 janvier 2020
par  SUD Éduc

Le « Vertical » est présent partout, il gère les relations sociales, possède un patrimoine considérable, et emploie des fonctionnaires à tous les niveaux, de Madrid au plus petit village, qui contrôlent l’embauche, les contrats de travail, les licenciements, les revendications et toutes les doléances des ouvriers. Il est considéré par le gouvernement et Franco comme un appendice étroitement lié au pouvoir, destiné à enrégimenter les acteurs de la production nationale. Son activité doit consister essentiellement à éviter toute crise entre les ouvriers et le patronat, voire à intégrer dans le régime les composantes ouvrières et salariées de la société espagnole. L’Organisation Syndicale, après quelques velléités d’indépendance vite étouffées par le pouvoir au début du régime1, va se plier à ses directives pendant presque deux décennies. Elle le fait d’autant plus facilement que son autorité sans partage s’exerce sur des ouvriers encore assommés par la rigueur des conditions politiques et économiques du début du franquisme. L’adhésion au syndicat unique est obligatoire, les vétérans nationalistes de la guerre civile sont privilégiés, et la défense des intérêts des ouvriers, considérée uniquement à titre individuel, dépend de la Magistratura de Trabajo ou de l’Inspection du Travail, organismes d’Etat. En théorie, l’OSE doit les aider dans leurs démarches, gérer la protection sociale, veiller à ce qu’ils accèdent à un logement décent, et encore organiser leurs loisirs et leur formation professionnelle. Pendant toute cette période et jusque dans les dernières années du régime, les activités syndicales font l’objet d’une intense propagande, destinée à convaincre les travailleurs de l’utilité majeure du « Vertical » et du bien-fondé de sa situation de monopole.

Heureusement, en France on continue à refuser de voir qu’on a aussi notre syndicat vertical. D’après le Monde, un journal pourtant pro Macronien, la CFDT prépare sa proposition de retraite par points avec le soutien d’experts proches du gouvernement. Et ils s’étonnent que les grévistes finissent par les haïr...

Réforme des retraites : ces économistes proches de Macron qui conseillent la CFDT

L’organisation syndicale va être épaulée par des économistes, comme Jean Pisani-Ferry et Philippe Aghion, qui furent proches du président durant la campagne présidentielle.

Par Bertrand Bissuel et Raphaëlle Besse Desmoulières Publié aujourd’hui à 11h15, mis à jour à 15h36

La CFDT joue gros dans les semaines à venir. Elle a obtenu que soit prochainement lancée une conférence sur le financement des retraites, à laquelle participeront les partenaires sociaux. A charge pour la centrale cédétiste, désormais, de démontrer que le jeu en valait la chandelle et que des solutions peuvent être trouvées pour équilibrer le système à court terme.

L’exercice, qui devrait débuter fin janvier, s’annonce ardu. Il implique de parlementer avec le patronat, qui défend des idées très différentes de celles des syndicats pour résorber le déficit du système – évalué dans une fourchette oscillant entre 7,9 et 17,2 milliards d’euros en 2025. En outre, l’exécutif a, d’emblée, indiqué aux protagonistes qu’il fallait exclure les pistes ayant pour effet d’augmenter le coût du travail ou de diminuer le niveau des pensions.

Face à une équation aussi complexe, Laurent Berger, le numéro un de la CFDT, s’efforce de mettre le maximum de chances de son côté. « On est en train de réunir, y compris des experts, pour travailler sur des propositions extrêmement précises », a-t-il déclaré, le 16 janvier sur Franceinfo, sans donner le nom des personnalités qui vont l’aider.

« Frappé par le manque d’informations »

Après enquête, il s’avère que la confédération va être épaulée notamment par des économistes qui furent proches d’Emmanuel Macron durant la dernière campagne présidentielle. Parmi eux, Jean Pisani-Ferry, le directeur du programme du candidat d’En marche ! en 2017 : « J’ai des contacts anciens et réguliers avec la CFDT, sur beaucoup de sujets, confie le professeur à Sciences Po Paris. Le fait qu’une organisation comme celle-ci prenne en compte les réflexions d’économistes indépendants me paraît être une très bonne chose. » Professeur au Collège de France, Philippe Aghion, qui avait soutenu M. Macron en 2017, figure également parmi ceux qui veulent apporter leur appui à la CFDT. Il y a aussi l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), qui, lui, n’a pas pris position en 2017.