Réforme de l’évaluation des enseignants Non à la gestion managériale !

vendredi 20 janvier 2017
par  SUD Éduc

Réforme de l’évaluation des enseignants
Non à la gestion managériale !
Si nous nous opposons aux nouvelles modalités d’évaluation proposées, nous dénonçons également les actuelles inspections trop souvent infantilisantes et arbitraires. En tout état de cause, nous ne pouvons accepter le renforcement du pouvoir discrétionnaire des IEN et chef-fe-s d’établissement.
Cette nouvelle évaluation risque d’être encore plus opaque que l’ancienne. Sans grille de référence selon l’échelon, les possibilités de recours en CAP (Commission administrative paritaire, qui peut permettre un certain contrôle des représentant-e-s des personnels) seront réduites et l’arbitraire encore plus grand.
Dans les projets du ministère, les enseignant-e-s seront amené‑e-s à exprimer leur souhait d’évolution professionnelle. Mais les mesures concrètes de cette réforme montrent qu’on se dirige vers toujours plus d’individualisation des parcours et de concurrence organisée entre collègues. Cette individualisation s’oppose de fait au travail en équipe et nuit aux nécessaires solidarités collectives et professionnelles.

Progression de carrière et rémunérations : toujours plus d’inégalités !

Cette réforme de l’évaluation ne peut pas être déconnectée des modifications des carrières et des rémunérations annoncées en fin d’année scolaire. En effet, à l’issue de chacun des quatre rendez-vous de carrière, l’évaluation pourra déboucher sur une accélération de carrière… ou pas. Seuls 30% des enseignant-e-s pourraient bénéficier de cette accélération, 70% restants sur le carreau. La date de l’accès à la hors classe et l’accès ou non à la classe exceptionnelle dépendront ainsi de ces évaluations.

L’évolution des carrières « au mérite » est donc maintenue et renforcée. Tout le monde doit désormais accéder à la hors-classe (plus ou moins tôt selon son « mérite »). Mais la mise en place d’une « classe exceptionnelle » vient élargir encore l’écart de rémunération entre un-e débutant-e et un‑e enseignant-e « méritant-e » en fin de carrière. Aujourd’hui, pour l’ensemble des enseignant-e-s, l’écart entre l’échelon le plus faible et le plus élevé est de 434 points d’indice, il sera en 2020 de 582. La classe exceptionnelle sera réservée à 10 % des enseignant-e-s, 8 % pour celles et ceux qui auront des fonctions ou des missions particulières et 2 % pour les plus « méritant-e-s ». Lorsque le ministère affirme qu’il a renoncé à la mise en place du GRAF (grade d’accès fonctionnel), il se paie de mots puisque la classe exceptionnelle sera de fait essentiellement réservée à celles et ceux qui auront occupé des fonctions spécifiques.

L’évaluation par l’entretien professionnel est encore pire : individualisation, mise en concurrence, caporalisation… : on passe à l’ère du management sur le modèle de l’entreprise capitaliste.

Contre les divisions et la mise en concurrence des enseignant-e-s, le SNUipp-FSU 49, SUD éducation 49 et la CGT Educ’Action 49 revendiquent :

- un avancement au rythme le plus rapide pour tous et toutes,

- une évaluation purement formative, complètement déconnectée de l’évolution des carrières et des rémunérations,

- une opposition ferme à la création de la classe exceptionnelle, mais une augmentation significative des salaires pour toutes et tous,

- une opposition ferme à toute transformation managériale de l’évaluation des personnels,

- une véritable formation qui passe par l’instauration d’une vraie formation initiale, mais aussi, pour tou-te-s, par un droit réel à la formation continue sur temps de travail et par une augmentation drastique des droits à congés formation.

Effectifs et conditions de travail
Imposons la baisse des effectifs dans nos classes !
Les effectifs trop chargés constituent l’un des facteurs identifiés de mal être pour les élèves comme pour les enseignant-e-s et personnels . La fatigue nerveuse et la charge de travail sont fortement augmentées lorsque les classes sont surchargées, la chose n’est pas nouvelle même si elle est ignorée de l’administration de l’éducation nationale. Au contraire, avec un effectif raisonnable, l’ambiance de classe est plus calme, le comportement des élèves s’améliore, ils sont plus attentifs et plus engagés dans leurs apprentissages. Le sentiment de ne pas accomplir correctement son travail, le stress et la fatigue engendrée par le bruit, l’agitation et le manque d’attention des élèves génèrent de la souffrance au travail, cette souffrance que l’administration a bien du mal à reconnaître. Réduire les effectifs c’est la condition pour un enseignement au plus près des élèves, pour une différenciation et un accompagnement adapté au sein même de la classe. Une diminution du nombre d’élèves améliore l’interaction entre l’adulte et les élèves (en particulier, avec les plus fragiles d’entre eux) mais aussi entre les élèves. Chacun peut s’exprimer plus souvent et plus facilement, la concurrence pour obtenir l’attention de l’enseignant-e est réduite et une bonne ambiance de classe est favorisée. Le temps consacré à la gestion de la classe diminue au profit du temps d’enseignement et d’apprentissage. Ceci se ressent immédiatement et de manière palpable : l’espace libéré par une baisse de l’effectif permet d’aménager la classe de manière efficiente. Les manipulations, l’expérimentation, le travail en petits groupes, l’autonomie en sont facilités.