Réforme du collège : voyage en absurdie

Les enseignants s’arrachent les cheveux face aux nouvelles directives. Même les formateurs et les inspecteurs semblent n’y rien comprendre. Par Louise Cuneo
mardi 30 août 2016
par  SUD Éduc

C’était il y a quelques mois. Comme dans les 7 100 collèges de toute la France, Marie Lamfroy a suivi une des journées de formation destinées à expliquer aux professeurs la réforme du collège : chaque prof doit obligatoirement suivre huit journées de formation, dont trois réservées au numérique. Cette jeune mère d’un petit garçon de 2 ans, qui a toujours voulu enseigner, n’est pas une novice. Professeure de lettres modernes dans la banlieue de Lyon, à Feyzin, cela fait sept ans qu’elle applique les directives du ministère. Elle a toujours fait avec. La réforme du collège, elle n’y était pas opposée par principe. Mais après ces journées de formation, elle a compris que son métier ne serait plus comme avant… et qu’elle allait s’arracher les cheveux. Elle ne s’en est toujours pas remise.

Ce jour-là, pour présenter la réforme, trois inspecteurs, une chef d’établissement et un envoyé du rectorat étaient sur l’estrade. C’est ce dernier qui a pris la parole. Et a commencé par flatter l’auditoire avec cette phrase : « Vous êtes des ingénieurs, des bac + 5. » « Il a ensuite tenté de démontrer que cette réforme n’avait absolument pas pour but de faire des économies. Tout en nous expliquant que les mesures idéales ne pouvaient être prises, faute d’argent », se souvient Marie. Une des inspectrices a pris le relais : « Elle était extrêmement agressive, elle nous réprimandait dès qu’on posait des questions, en répondant à coups de virevoltes rhétoriques. » Jusqu’à l’absurde : « Ce n’est pas à nous de vous armer pour appliquer la réforme, nous ne sommes là que pour vous donner des clés ! »
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