Rompre avec la pédagogie de l’épuisement : prendre soin de l’école

vendredi 5 juin 2020
par  SUD Éduc

4 juin 2020 Par Queer - Education Blog : Le blog de Queer - Education

Le confinement s’est trouvé être un révélateur efficace des politiques éducatives engagées depuis de nombreuses années en France. La « continuité pédagogique » exigée par J.-M. Blanquer, véritable pédagogie de l’épuisement, a ainsi révélé que l’école ne donnait plus tout son sens au mot éducation. Nous désirons réinventer une école qui porte un projet d’émancipation individuelle et collective.

Dans cette période trouble de déconfinement qui charrie ses angoisses et ses attentes, nous avons eu envie d’écrire un peu sur nos vécus de professeur.es, nous qui avons traversé avec nos classes, parfois dans une solitude totale, ce printemps confiné. En un premier lieu, et c’est peut-être paradoxal, donner des cours au temps de la distanciation physique nous aura donné l’occasion de plus régulièrement leur demander comment iels se sentent et vivent le confinement alors que le bien-être des élèves n’est le plus souvent pas l’affaire de l’institution scolaire. Celui-ci est abordé au sein des équipes éducatives à un moment où il fait souvent dramatiquement défaut, pour les élèves “à problèmes” comme on les appelle pudiquement. Les “comment ça va ?” de débuts de cours n’ont probablement pas permis de faire émerger des expériences personnelles et notamment celles les plus douloureuses mais ont peut-être ouvert une brèche dans la relation prof-élève, égratignant légèrement l’approche froide - et justement distanciée - à laquelle notre statut de professeur.e cherche à nous conduire. L’Éducation Nationale semble alors redécouvrir sur le mode d’une ingénuité acerbe que nos élèves sont des sujets à part entière, qu’iels éprouvent des émotions dont on ne peut pas faire fi.

Si J.-M. Blanquer se gausse d’avoir fait de la bienveillance un principe éthique institué sous sa mandature, il n’en est rien en réalité. Les logiques de gestion des personnels sont toujours aussi déshumanisantes. Il a fallu parfois attendre plusieurs semaines avant d’avoir quelque nouvelle des corps d’inspection, nous laissant encore naviguer à vue, les programmes se lisant comme une mer houleuse dont ne nous viendrons jamais à bout. Nous avons alors exploré plus encore les nouveaux modes de relation que nous avons mis en place dans nos classes.