« Société de vigilance » : les enseignants sont déjà requis depuis des années

samedi 19 octobre 2019
par  SUD Éduc

Depuis 2014, les autorités ont mis en place un dispositif de remontée des « signaux faibles » par de nombreux « référents radicalisation ». Particulièrement sollicitées, les écoles et universités se voient confier la responsabilité de juger de la dangerosité d’élèves ou d’étudiants, à l’image de la fac de Cergy-Pontoise, en fonction de critères vagues et potentiellement discriminants.

La révélation de l’envoi, le lundi 14 octobre, par l’administration de l’université de Cergy-Pontoise, d’un questionnaire visant à faire remonter les « signaux faibles de radicalisation » repérés chez ses étudiants a eu le mérite d’illustrer de manière crue comment se concrétise sur le terrain la « société de vigilance » promue par Emmanuel Macron.

Contrairement à ce qu’a affirmé le président de l’université, François Germinet, la diffusion de ce mail n’est pas un simple « message extrêmement maladroit dans son contenu » qui aurait été envoyé « dans le contexte de l’attaque de la préfecture de police de Paris ».

La preuve en est un autre mail identique, envoyé cette fois le lundi 18 mars par le fonctionnaire sécurité défense (FSD) de l’établissement à l’ensemble des directeurs et des laboratoires, responsables administratifs et chefs de service, et que Mediapart s’est procuré. Celui-ci rappelle la mise en place, en février 2018, d’un nouveau plan de lutte contre la radicalisation. « Ma première action dans ce domaine porte sur la détection de personnes susceptibles d’être en cours de radicalisation afin de les aider et d’aider leur famille à sortir de ce phénomène », écrit le FSD.

Dans ce but, un « imprimé » est joint au mail afin d’être communiqué à tous les « collaborateurs (personnels enseignants – chercheurs, enseignants – et administratifs et techniques) ». Celui-ci doit être rempli si « un individu (étudiant ou collègue) présente un ou plusieurs signaux listés dans cet imprimé » ou en cas de « présence de signaux faibles liés au fonctionnement d’un bâtiment ».