StopCovid : « Il est contre-productif de proposer une solution techniciste à un problème qui ne l’est pas »
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Le caractère temporaire des atteintes aux libertés peut vite se transformer en exception permanente .
Or le contexte d’urgence de l’adoption d’un tel système technique pose problème et nous fait penser, dans notre histoire récente, à ce moment où l’État français, au lendemain des attentats de 2015, a institué la généralisation de la surveillance massive en faisant passer des mesures de l’état d’exception dans l’appareil législatif ordinaire. Nous le savons avec l’expérience que nous avons de la lutte antiterroriste : le caractère temporaire des atteintes aux libertés peut vite se transformer en exception permanente (cela a été le cas avec les lois antiterroristes), surtout quand les enjeux politiques restés nationaux se doublent d’enjeux économiques privés de puissantes entreprises transnationales.
Le souhait d’utiliser l’application StopCovid pose, enfin, des questions politiques et sociétales majeures. Dans le cas où l’application se généraliserait pour d’autres usages et à plus long terme, pourraient surgir des dispositifs de discrimination de certaines populations (sous couvert de « sélection par le risque ») qui entraveraient des droits fondamentaux à la libre circulation ou au secret médical. Cela, indépendamment des précautions qui peuvent être prises par ses concepteurs aujourd’hui. C’est de soin et d’éthique dont nous avons besoin, non de réponses susceptibles de favoriser l’extension d’une biopolitique « high-tech » qui pourrait perdurer, bien au-delà de la fin annoncée du confinement. Ainsi, il nous semble important de présenter ici quelques recommandations.