Stratégie de la non- violence

jeudi 6 décembre 2018
par  SUD Éduc

Le concept d’action non-violente implique par lui-même une inégalité et une dissymétrie entre les moyens de l’agresseur et ceux de l’agressé. Cette seule considération bouleverse nos repères et nous désoriente. Celui qui choisit la non-violence nous apparaît complètement désarmé en face de celui qui n’hésite pas à choisir la violence. Il nous semble qu’il a toutes les chances d’être vaincu. À coup sûr, tel l’agneau qui affronte le loup, il sera mis à mort. Il est vrai que si l’on ne considère que les instruments techniques dont dispose l’homme armé et ceux dont ne dispose pas l’homme non-violent, celui-ci n’est pas en mesure de résister à celui-là. D’un point de vue purement théorique, la violence peut être exercée sans limites par l’homme armé sur l’homme non-violent. Cette éventualité, par le fait même qu’elle est techniquement possible, ne peut être exclue. Elle reste cependant abstraite et elle ne se réalisera pas forcément. L’expérience montre qu’elle n’est peut-être pas la plus probable. Pour apprécier les probabilités du passage à l’acte de l’homme armé, il ne faut pas seulement prendre en compte les facteurs techniques, mais aussi les facteurs humains, psychologiques, éthiques, sociaux et politiques. En réalité, ceux-ci sont susceptibles d’imposer à l’homme armé des limites qu’il ne peut pas franchir sans inconvénients majeurs pour lui. Une violence sans limites serait « aveugle » dans tous les sens de l’expression. Elle constituerait une fuite en avant qui ne correspondrait à aucun objectif rationnel. C’est pourquoi, si elle est techniquement possible, elle n’est pas forcément la plus probable.