Synthèse des bilans sur la réforme des lycées.

Déclaration de la fédération SUD Education
jeudi 14 juillet 2016
par  SUD Éduc

La réunion du 4 juillet est l’occasion pour le ministère de présenter une synthèse auto satisfaite des réunions du bilan des réformes des lycées. Dès la séance de lancement en janvier, le cabinet avait clairement posé les limites de l’exercice, celui-ci ne pouvant aboutir qu’à des modifications à la marge. Dans ce cadre il n’y a donc pour nous aucune illusion à entretenir auprès de nos collègues.
Le document de bilan communiqué aux organisations syndicales la veille au soir pour le lendemain ne permet pas un débat préparé. L’invitation faite aux organisations syndicales de proposer sur cette base des aménagements de la réforme pour octobre 2016 ne peut nous satisfaire, car nous contestons les principes même de la réforme Chatel, que ce document ne remet nullement en cause.
« Autonomie » des établissements ou compétition généralisée ?

Les conditions de travail se dégradent pour les enseignant-es comme pour les élèves, avec des emplois du temps de plus en plus éclatés, et pour les collègues du travail d’équipe, non rémunéré statutairement, par exemple pour les enseignements d’exploration. La concurrence entre disciplines que nous prédisions est confirmée. La répartition des 10 heures globalisées en seconde et des 6 à 10 heures globalisées selon les séries du cycle terminal est l’objet, au mieux de tensions, au pire de conflits ouverts, pour obtenir une partie de ces heures à « groupes réduits ». En langue vivante l’enveloppe de 4 heures 30 est ainsi à partager localement. Les tentatives de faire financer certaines options sur le volant d’heures globalisées sont légions. La mise en concurrence par des choix locaux des établissements, des collègues et des disciplines est une réalité partout, variable selon la résistance collective.
L’accompagnement « personnalisé » (AP) inefficace pour aider les élèves

Le dispositif pose le problème de l’égalité entre élèves dans la mesure où chaque élève doit normalement bénéficier de 2 heures d’AP par semaine. Cela signifie qu’il faut faire l’AP en classe entière et renoncer à la « personnalisation », ou le plus souvent que les élèves ne bénéficient pas tous et toutes de l’AP selon les horaires prévus règlementairement.
En première et en terminale, la possibilité d’ancrer l’AP sur les disciplines phares de la série limite un peu les dégâts ; on a, dans le meilleur des cas, affaire à un soutien ou à de la méthodologie disciplinaire. Dans toutes les situations, ce dispositif consacre une inégalité totale entre lycées et entre élèves ; ceci sans réponse à leurs difficultés, qui ne sont plus du tout prises en compte depuis la disparition de « l’Aide individualisée », qui était déjà très insuffisante, et des dédoublements nationaux.
Filiarisation et diminution de l’offre de formation :

Trois ans après la mise en place de la réforme, aucun rééquilibrage n’est constaté et on assiste à une poussée, des demandes d’orientation en série scientifique. Les enseignements d’exploration n’ont pas permis, comme cela était annoncé, la mise en place d’une véritable seconde indifférenciée. On observe la reconstitution de classes à profil ou à niveau, les lycées ayant souvent organisé leurs classes de seconde selon les choix d’EE. On aboutit par ailleurs à ce que nous dénoncions en 2009 : une mise en concurrence des établissements. En effet le nombre d’EE proposés, d’un établissement à l’autre, est très variable. Les EE, qui ont été mis en place au détriment d’autres enseignements, notamment ceux d’économie (SES et PFEG) dont l’horaire en seconde a été réduit de moitié, accroissent les inégalités entre lycées et au sein d’un même lycée.
Dans la voie technologique, la refonte totale des séries STI et STL a été l’occasion d’un véritable jeu de massacre : on est passé d’une vingtaine de spécialités à seulement deux bacs, tout en imposant la polyvalence ou une reconversion forcée aux collègues dont les disciplines disparaissaient, sans aucune amélioration des conditions d’enseignement et d’apprentissage, et avec des effectifs par classe en augmentation.
Dans ce contexte les interrogations des réunions institutionnelles sur le baccalauréat jugé trop complexe dans son organisation, la préférence pour des formes de contrôle en cours de formation ne peut que nous inquiéter. Même si la question de l’évaluation fait partie des chantiers de réflexion de notre syndicat, nous réaffirmons que dans le système actuel, le maintien du bac comme examen national, correspondant au premier grade universitaire est une nécessité pour éviter la généralisation de la sélection pour accéder au supérieur.

Au-delà des projets des collègues qui utilisent parfois les heures d’EE et l’AP au mieux, il faut se rappeler que cette réforme a supprimé des postes et des heures, et nous installe dans une logique de concurrence et de filière. Tant qu’il y aura des filières dont l’objet est de trier et de sélectionner les élèves, la logique de hiérarchie des filières existera. Vouloir « rééquilibrer » les filières en accentuant leur différenciation est un jeu de dupe.
C’est l’inverse du projet de lycée polyvalent et émancipateur que nous défendons.