Un petit doigt de Vichy ?

samedi 19 octobre 2019
par  SUD Éduc

Georges Burdeau est le plus disert des panégyristes. Contrairement à Maurice Duverger, qui se borne à invoquer de façon plutôt laconique « l’intérêt public » ou « l’intérêt des services publics » comme fondement de l’incapacité des Juifs17, G. Burdeau procède, dans son manuel18 à de longs développements sur la « Philosophie politique de l’Etat français », de telle sorte que le statut des Juifs, étudié après « Les droits de la communauté française »19, s’inscrit sous les rubriques : « Redressement de l’esprit français/Sauvegarde de l’esprit public ». On peut lire notamment qu’il faut « mettre hors d’état de nuire les éléments étrangers ou douteux qui s’étaient introduits dans la communauté nationale »20 et que si la qualité de citoyen français est subordonnée à une « attitude positive d’où résulte l’attachement à la communauté », le statut des Juifs est inspiré par « cette constatation de fait qu’étant donné ses caractères ethniques, ses réactions, le juif est inassimilable ». Plus loin, il est dit que les interdictions professionnelles ont pour objet « d’empêcher les juifs de détenir la puissance d’argent grâce à laquelle ils pourraient agir sur l’opinion ». Mais le Juif peut échapper à sa condition nouvelle « par sa conduite ou ses antécédents familiaux »21. Nous ne sommes pas en présence du « positivisme » évoqué par D. Lochak ; c’est un discours purement idéologique, sans aucun référent juridique.