Un rassemblement à Paris dénonce des suicides d’internes en médecine

dimanche 18 avril 2021
par  SUD Éduc

Sources : Le Monde avec AFP

Un maximum légal de quarante-huit heures de travail hebdomadaire est fixé par la loi, mais, selon une étude menée entre mai et juillet 2019 par l’ISNI, les internes effectuent en réalité cinquante-huit heures hebdomadaires en moyenne, sans récupération. C’était avant la crise du Covid-19.
Un maximum légal de quarante-huit heures de travail hebdomadaire est fixé par la loi, mais, selon une étude menée entre mai et juillet 2019 par l’ISNI, les internes effectuent en réalité cinquante-huit heures hebdomadaires en moyenne, sans récupération. C’était avant la crise du Covid-19. THOMAS

Des fleurs et des blouses blanches devant le ministère de la santé : une quarantaine de personnes ont rendu, samedi 17 avril, hommage à cinq internes en médecine qui se sont suicidés depuis le début de l’année.

« Cinq internes ont été tués par l’hôpital depuis le début de l’année. Un tous les dix-huit jours, c’est du jamais vu », a dénoncé au micro Gaetan Casanova, président de l’Intersyndicale nationale des internes (ISNI), qui avait organisé ce rassemblement. C’est trois fois plus que dans la population générale, selon l’ISNI.

Derrière lui, devant une entrée du ministère, ont été disposées des pancartes noires portant leurs prénoms : Valentin, Tristan, Quentin, des XXX pour deux autres internes restés anonymes, et ceux d’Elise et Florian, décédés respectivement en 2019 et 2020. Pendant de longues minutes, plusieurs dizaines de personnes, dont beaucoup d’étudiants en blouse blanche et des proches des défunts, ont ensuite déposé des fleurs avant qu’une large banderole indiquant « l’hôpital tue ses internes, aidez-nous à vivre » soit déployée.

« Tous ont des situations différentes, des souffrances différentes, mais à chaque fois il y a quelque chose qui revient, c’est que l’hôpital et les études de médecine sont venus comme un déclencheur de cette souffrance par l’épuisement au travail, le harcèlement, la difficulté et la pression des concours », a déclaré M. Casanova.
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Une moyenne de cinquante-huit heures par semaine

Valentin, décédé le 30 mars, « aimait trop la vie », a précisé son père. « Il avait des angoisses, il était dans un état dépressif sévère et souffrait d’épuisement physique et moral. Il ne s’en est jamais remis. »

Tous ces jeunes « n’ont jamais fêté leurs 30 ans. C’est un gâchis immense », a également témoigné Laurence Marbach, mère d’Elise, décédée à 24 ans. « Elle est morte d’épuisement professionnel. Elle travaillait quatre-vingts heures par semaine », a-t-elle dit. « Après ce drame, nous avons découvert l’horreur de la situation des étudiants en médecine et l’absence totale de dispositifs de prévention. »

L’ISNI, reçue jeudi avec d’autres représentants d’internes par le ministre de la santé, Olivier Véran, a réclamé la mise en place d’« un système d’évaluation objectif du temps de travail ». « Le ministre doit comprendre l’urgence de la situation. La première chose à faire, c’est de respecter le droit en matière de temps de travail », a ajouté M. Casanova, reçu samedi avec des familles par un conseiller d’Olivier Véran.

Depuis un an « en première ligne face au Covid », les jeunes internes en médecine cumulent les heures et s’usent à petit feu. Un maximum légal de quarante-huit heures de travail hebdomadaire est fixé par la loi mais, selon une étude menée entre mai et juillet 2019 par l’ISNI, ils effectuent en réalité cinquante-huit heures hebdomadaires en moyenne, sans récupération. C’était avant la crise due au Covid-19. Selon une enquête réalisée en 2017 à l’initiative de l’ISNI, 23,7 % des internes avaient déjà eu des idées suicidaires, 28 % avaient souffert de troubles dépressifs, 66 % de troubles anxieux.

L’internat, 3e cycle des études de médecine, débute sept ans après le bac et dure trois à six ans, selon les spécialités. La France compte un peu plus de 30 000 internes travaillant au sein de ses hôpitaux.