Une saison au Congo d’Aimé Césaire

vendredi 1er mai 2015
par  SUD Éduc

Une saison au Congo

Mise en scène de Christian Schiaretti directeur du TNP-Villeurbanne.

Spectacle enregistré au Théâtre Les Gémeaux, Sceaux les 8, 9 et 10 novembre 2013.

Réalisation Cédric Aussir

Equipe technique Philippe Bredin et Clotilde Thomas

Assistante à la réalisation Laure-Hélène Planchet

Nous sommes au Congo belge en 1958 lorsque la pièce débute. C’est une période d’effervescence qui va mener le pays à l’indépendance. Une fois celle-ci acquise, se font jour les oppositions et les diverses pressions pour l’acquisition d’une parcelle du pouvoir. Les colonisateurs, qui semblent avoir quitté la scène politique, attisent les dissensions et tentent encore de conserver le pouvoir économique, au besoin en encourageant la sécession d’une des provinces congolaises. Patrice Lumumba, nommé Premier Ministre, dénonce ces malversations. L’atmosphère de liberté et de luttes politiques fiévreuses pour la conquête de l’indépendance puis l’ascension de Patrice Lumumba constituent le cœur de l’intrigue.
Un héros au temps compté, un chemin semé d’embûches, une mort violente et prématurée, tout est là pour créer à la fois le mythe politique et théâtral.

A partir de ces faits politiques précis et à peine modifiés, Césaire transfigure la réalité pour faire de Lumumba une figure charismatique à la lucidité exaltée, symbole de toute l’histoire d’un continent. Loin des « héros positifs » du réalisme socialiste surgissant dans les théâtres de nombreux pays africains qui deviennent indépendants dans les années 60, Lumumba, comme Césaire, est un poète « déraisonnable ». Figure de Prométhée, porteur de feu ou Christ souffrant, l’unité Dieu / homme est ici transformée en Afrique / Lumumba. La durée de la pièce constitue à la fois un espace et un temps prophétiques où, d’une certaine façon, le poète devient l’outil et la mémoire de cette prophétie.

Avec :

Marc Zinga dans le rôle de Lumumba
Joëlle Beli Titi, Valérie Belinga, Stéphane Bernard**, Olivier Borle*, Paterne Boungou, Clément Carabédian*, Mwanza Goutier, Baptiste Guiton*, Marcel Mankita, Bwanga Pilipili, Philippe Vincenot**, Marc-Antoine Vumilia Muhindo, Marius Yelolo.
* Comédiens de la troupe du TNP, ** Comédiens de La Maison des comédiens du TNP.

Comédiens du collectif Burkinabé Béneeré
Mbile Yaya Bitang, Safourata Kaboré, Emmanuel Rotoubam Mbaide, Aristide Tarnagda, Mahamadou Tindano, Charles Wattara

Musiciens : Fabrice Devienne piano, Henri Dorina basse, Jacques Largent percussion

Dramaturgie et conseils artistiques Daniel Maximin.

Musique originale Fabrice Devienne. Assistants à la mise en scène Baptiste Guiton, Paul Zoungrana sous l’œil bienveillant de Moïse Touré

Aimé Césaire vu par Daniel Maximin :

"Poète, dramaturge et homme politique, passeur considérable du XXe siècle,

Aimé Césaire a joué un rôle essentiel dans la prise de conscience des acteurs politiques et culturels de la décolonisation avec, notamment, ses frères poètes Léopold Sédar Senghor et Léon Damas. Né le 26 juin 1913 à la Martinique, sa mort, le 17 avril 2008 à Fort de- France, lui a valu en France des obsèques nationales suivies dans le monde entier.

Dès son premier texte de 1939, Cahier d’un retour au pays natal, et tout au long de son œuvre, s’affirme la volonté de peindre la métamorphose de cette foule inerte, brisée par l’histoire, « l’affreuse inanité de notre raison d’être », et par la géographie – « îles mauvais papier déchiré sur les eaux » – en un peuple à la fin debout et libre, debout à la barre, « debout à la boussole, debout à la carte, debout sous les étoiles ». Dans son théâtre, Et les chiens se taisaient, 1946, La Tragédie du roi Christophe, 1963, Une Saison au Congo, 1966, et Une Tempête, 1969, défilent une galerie de bâtisseurs ni dieux ni diables, manifestant lucidement la renaissance de la tragédie sur les ruines de l’histoire pour l’enracinement de la liberté : « Invincible, comme l’espérance d’un peuple… comme la racine dans l’aveugle terreau".

Discours sur le colonialisme, d’Aimé Césaire

Lu par Antoine Vitez

Enregistré en public au Festival d’Avignon le 17 juillet 1989

Chargée de réalisation Marie-France Thivot

Le Discours sur le colonialisme est un pamphlet anticolonialiste d’Aimé Césaire, paru aux éditions Réclame en 1950, puis à Présence africaine en 1955. L’auteur dénonce avec force la barbarie interne à la civilisation occidentale, qui trouva un exutoire en dehors de l’Europe, avec l’implantation coloniale. À des territoires européens de droits et de libertés, Césaire oppose des territoires extra-européens colonisés, soumis à l’oppression et à la haine, au racisme et au fascisme. À des pratiques démocratiques et policées en Europe, il oppose des actions violentes et criminelles commises dans les colonies. Ainsi, moins d’un an après le début de la guerre d’Algérie, il s’élève contre la torture infligée par l’armée française aux Algériens. Césaire critique violemment la position de la classe bourgeoise qu’il qualifie de décadente, car ne connaissant plus de limites dans le mal qu’elle commet au travers du système économique capitaliste.