l’Union Européenne. Complice par son silence et son inaction face aux brutalités d’État.
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Les premiers à remettre en cause la liberté de la presse et la sécurité de leurs confrères, sont les les propres journalistes qui acceptent sans broncher de diffuser de la propagande et de masquer la réalité.
Gilets jaunes : les journalistes toujours victimes de violences policières, selon RSF
Liberté d’information Gilets jaunes : 62 signalements de violences policières contre les journalistes, selon David Dufresne
Penser autrement AbonnéComment s’expliquent les violences policières face aux Gilets jaunes ?
Les médias dans le viseur Gilets jaunes : la violence contre les journalistes franchit un nouveau cap
En France, il devient dangereux de montrer sa carte de presse en manifestation. Reporters sans frontières, dans son dernier bilan, revient sur les atteintes physiques, la destruction de matériel et les intimidations subies par les journalistes qui couvrent les mobilisations des Gilets jaunes.
Le journaliste David Dufresne le laissait entendre il y a un mois sur le site de Télérama : les 62 cas de violences policières contre des journalistes qu’il avait recensés depuis le début des manifestations des Gilets jaunes étaient forcément « en deçà de la réalité », faute notamment de pouvoir tout documenter et du peu de plaintes déposées par les confrères. A la veille de l’acte 27, qui s’est déroulé ce samedi 18 mai, Reporters sans frontières (RSF) publiait un nouveau bilan. Et ça fait toujours froid dans le dos : l’ONG dénombre 120 incidents (1) et 54 journalistes blessés par les forces de l’ordre depuis le 17 novembre. Des chiffres qui s’appuient sur le travail de David Dufresne et sur « ce que nous avons recherché et pu faire remonter de notre côté », détaille la porte-parole de RSF, Pauline Ades-Mevel.
Douze journalistes ont été gravement touchés, victimes de fractures de la main, côtes cassées, voire de blessures graves au visage comme le photographe documentaire Nicolas Descottes, dont l’œil a été « miraculeusement épargné » par le tir de LBD qui lui a fracturé la pommette et valu quarante jours d’ITT. Les quarante-deux autres présentent des blessures plus légères, avec des hématomes causés par des coups de matraque, tirs de LBD dans les membres inférieurs, brûlures dues à l’explosion de grenades de désencerclement…
« Ce nombre anormalement élevé de journalistes blessés et l’ampleur inédite des violences policières et des incidents ne s’expliquent pas seulement par la durée inhabituelle de ce mouvement de protestation, a déclaré dans un communiqué Christophe Deloire, le secrétaire général de RSF. L’heure ne doit plus être au constat, mais à l’action comme s’y est engagé Emmanuel Macron. Il est urgent d’agir et de donner des consignes claires aux forces de l’ordre pour permettre aux journalistes d’exercer leur activité en sécurité et éviter les violences. » Selon nos informations, une équipe de RSF doit rencontrer cette semaine le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner.
Les photographes principales victimes
Sur les 120 incidents répertoriés, 88 sont considérés comme « majeurs » : outre les journalistes blessés, ils recensent les cas de destruction délibérée de matériel, d’intimidations sévères, de journalistes clairement identifiés « presse » visés par des canons à eau ou des tirs de LBD, ou repoussés violemment à coups de bouclier et/ou de gaz lacrymogène. Les gardes à vue de photographes indépendants ont également été comptabilisées. Les insultes, menaces verbales et confiscations de matériel sont classifiées comme « mineures ». Principales victimes de ces violences policières : les photographes (66 %) et les vidéastes ou journalistes reporters d’images (21 %).
A Toulouse, plusieurs journalistes témoignent de la façon dont les policiers mobiles à moto « matraquent sans discernement tout ce qui se trouve sur leur passage ». « ll peut parfois y avoir une confusion entre les manifestants Gilets jaunes et les casseurs, mais pas pour nous, les journalistes, qui sommes clairement identifiés et positionnés différemment sur le terrain », estime l’un d’eux, cité par RSF. Comme l’expliquait déjà David Dufresne, beaucoup sur le terrain constatent un comportement différent entre les forces de l’ordre classiques, CRS et gendarmes mobiles, et les policiers des brigades anticriminalité (BAC) réquisitionnés à partir du mois de décembre 2018. Ces derniers, qui ne sont pas des professionnels du maintien de l’ordre, seraient à l’origine de l’immense majorité des tirs de LBD (85 %) pendant les manifestations, selon un récent rapport parlementaire. Moins de vingt signalements ont été déposés pour l’heure auprès de l’IGPN par des journalistes.
(1) Ces données concernent des journalistes dont RSF a pu vérifier le statut professionnel. Plus de trente autres cas signalés sur les réseaux sociaux sont toujours en cours de vérification.