L’émeute, mère de toutes les manifs
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Le 13 octobre 1909, l’anarchiste Francisco Ferrer est exécuté en Espagne. À Paris, à l’appel des journaux d’opposition, plus de 40 000 personnes marchent vers la place de Clichy aux cris de « Vive Ferrer ! » et au son de « L’Internationale ». Boulevard de Courcelles, une rangée de gardes à cheval fait barrage. La tension monte. Bientôt des grilles d’arbre sont arrachées, des kiosques incendiés, des magasins pillés. Les forces de l’ordre chargent. On compte une dizaine de morts et de nombreux blessés. La Guerre sociale, hebdomadaire des socialistes insurrectionnels, s’enthousiasme : « Bravo Paris ! On te croyait morte : tu n’étais qu’endormie. » Mais quand, au lendemain de la répression, il faut organiser un nouveau rassemblement en hommage et en protestation, de façon inédite, les dirigeants de la branche réformiste (désormais majoritaire) du socialisme demandent à être reçus à la préfecture de police, négocient le parcours, s’engagent à se disperser à la fin de la manifestation et promettent un service d’ordre. L’Humanité titre : « Le 17 octobre, nous manifesterons pacifiquement pour l’Espagne libre. » La préfecture donne son autorisation. Tout se déroule dans le calme, de part et d’autre.