Le devoir de désobéissance : Fichage des Gilets Jaunes dans les hôpitaux.
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Sous le franquisme ou Pinochet, les services hospitaliers devaient signaler aux autorités militaires toute personne avec des blessures ouvertes ou par balle.
C’était pour leur bien qu’ils disaient...
Les services hospitaliers fichent-ils les Gilets jaunes blessés ?
Soulevée par le passé par Mediapart, l’information sur le fichage par le personnel médical des Gilets jaunes blessés est de nouveau débattue ces derniers jours. Qui plus est, le Canard enchaîné a écrit que les hôpitaux avaient reçu la consigne d’inscrire non uniquement le nombre, mais aussi l’identité des blessés.
Déjà abordé en janvier dernier par Mediapart, le thème du possible fichage des Gilets jaunes par les services hospitaliers est remonté à la surface après l’acte 22 et ce, suite au tweet publié par le médecin urgentiste Gérald Kierzek. Le 13 avril, ce dernier a fait état des consignes d’appeler l’administrateur de garde lorsque des manifestants sont pris en charge à l’hôpital.
#LTUrgences Consignes à l’instant de d’appeler l’administrateur de garde si patients #GiletJaune aux urgences…Et puis quoi encore ?! Les soignants soignent et ne dénoncent pas @ordre_medecins
— Dr Gérald KIERZEK (@gkierzek) 13 avril 2019
Ce post n’est pas passé inaperçu comptabilisant à ce jour plus de 2.700 retweets et plus de 200 commentaires dans lesquels les utilisateurs ont rappelé que le personnel hospitalier devait respecter le secret médical.
Contacté par CheckNews de Libération, le médecin en question dit avoir entendu une conversation téléphonique au cours de laquelle « l’infirmière en chef, disait « comme d’habitude, vous appelez l’administrateur de garde quand c’est un gilet jaune » ». Et d’expliquer que, d’après les informations reçues, l’administrateur de garde doit enregistrer les données des patients en question « dans le fichier SI-VIC, qui est un fichier de traçabilité en cas d’attentats ou d’évènements graves ».
Cette information n’est pas nouvelle:en effet, dans sa publication du 11 janvier 2019, Mediapart avait écrit que, lors des journées d’action des 8 et 15 décembre, la Direction générale de la santé (DGS) avait activé le dispositif SIVIC, d’habitude prévu pour les situations d’attentat, afin d’assurer un suivi des victimes et d’aider à la recherche de personnes. Le média a alors précisé que depuis mars 2018, ces informations étaient accessibles aux agents de l’Intérieur.
La Direction générale de la santé, citée dans ce même article, a alors expliqué que le SIVIC permettait d’évaluer l’impact sur l’offre de soins, d’éviter les tensions hospitalières sur un nombre limité d’établissements de santé. Il a été alors précisé que les bilans quantitatifs étaient communiqués au ministère de l’Intérieur, mais que « les forces de l’ordre ne dispos[aient] pas d’un accès aux données de l’outil SIVIC ».
Or, dans sa publication parue le 17 avril et intitulée « Les blouses blanches face à un drôle de fichage des Gilets jaunes », le Canard enchaîné assure que la consigne d’inscrire non seulement le nombre, mais aussi l’identité des blessés a été reçue par les hôpitaux parisiens le 16 mars.
Les #BlousesBlanches face à un drôle de fichage des #GiletsJaunes pic.twitter.com/NAS0yYg2Je
— Didier Maïsto (@DidierMaisto) 17 avril 2019
Gérald Kierzek a commenté à l’antenne de LCI cette information, précisant qu’après son tweet, le directeur général de l’Assistance Publique — Hôpitaux de Paris (AP-HP) avait assuré que les noms n’étaient pas entrés, et qu’il était content de voir l’enquête menée par le Canard enchaîné.
Fichage des #GiletsJaunes aux urgences : le @canardenchaine publie des documents à charge.
🗣@gkierzek : « Quand je l’ai tweeté ça a beaucoup buzzé. Le directeur général de @APHP disait non. Je suis content de voir que le @canardenchaine a enquêté. »
📺#AudreyAndCo @LCI pic.twitter.com/soKs217o83
— Audrey & Co (@AudreyAndCoLCI) 17 avril 2019