Rôle du chef d’établissement

vendredi 1er mai 2015
par  SUD Éduc

Pour éviter de laisser entrer par la fenêtre, ce que l’actuel gouvernement a laissé à la porte, voici un extrait du rôle du chef d’établissement.
Si les collègues locaux, peuvent difficilement échapper à la contrainte d’une surveillance pédagogique de la part de la hiérarchie, (Code de l’éducation Loi nº 2005-380 du 23 avril 2005) pour les collègues titulaires, le code de l’éducation rappelle que « Art. L. 912-1-1. - La liberté pédagogique de l’enseignant s’exerce dans le respect des programmes et des instructions du ministre chargé de l’éducation nationale et dans le cadre du projet d’école ou d’établissement avec le conseil et sous le contrôle des membres des corps d’inspection."

Nous ne pouvons avoir aucune garantie quant à l’usage "de cette séance d’observation" et nous ne voyons pas comment une seule personne, parfois coupée des réalités pédagogiques en situation, pourrait apprécier le travail des collègues, toutes matières confondues. Il est aussi difficile de voir l’utilité concrète d’une telle démarche et ce que cela peut apporter sur le plan professionnel aux collègues titulaires en exercice.

Cette dernière tentative pour nous limiter dans notre rôle de pédagogues et nous ramener à une situation de simples exécutants,ne peut-elle pas s’inscrire dans le volonté de l’AEFE d’élargir le rôle du chef d’établissement au domaine pédagogique, comme cela était prévu par le précédent gouvernement ? Les réflexions menées autour de la création d’un "corps d’enseignants de l’étranger" qui exerceraient sous un autre statut, peut aboutir au pire. Or, comme l’analysent très justement nos camarades du 29 :

"● Ôter la maîtrise de notre savoir faire
Pour qu’un métier devienne un travail, il faut aussi que le salarié perde la maitrise de son savoir-faire : l’enseignant ne sera donc plus formé, ou formé à minima. La formation initiale est supprimée ou réduite au minimum, la formation continue disparait.
Enseigner ne relève du coup plus d’une culture sociale qui s’apprend et se partage, mais renvoie à la nature de l’individu et à un prétendu « don ». La richesse des divers courants pédagogiques n’est plus enseignée. Pire, la pédagogie elle-même est décriée, qualifiée de doctrine idéologique qui sape l’éducation, alors qu’elle est le cœur du métier ! L’enseignant débutant est ainsi renvoyé à son supposé « don » et à son expérience pratique personnelle d’élève pour transmettre les savoirs, sans avoir accès à la théorie pédagogique qui fonde toute pratique, à la didactique qui l’articule, sans avoir donc la possibilité d’exercer un regard critique sur son travail et de le rendre perfectible. Pourquoi faire d’ailleurs, puisqu’il s’agirait d’un « don inné » ? Ne plus penser, ne plus réfléchir, laisser cela à d’autres payés pour ça, et appliquer un programme et des procédures. Travailler, quoi…
L’échec devient alors une affaire personnelle, qui ne peut trouver sa source que dans l’individu, sans remise en cause du système ou de la société. Cela entraine une rupture du lien social dans l’école : si l’élève n’apprend pas, c’est sa faute ; et sa « paresse » pénalise les autres. Discours récurrent dans l’idéologie libérale : le chômeur est responsable de sa situation ; pire, il pénalise les autres par son statut « d’assisté ». Les victimes du système sont érigées en coupables, stigmatisées, exclues. On dresse les divers acteurs du monde scolaire les uns contre les autres. On inverse aussi les présupposés éducatifs : tout individu n’est plus considéré comme éducable, mais éducable en fonction de données sociologiques prédictives, d’une destinée, en quelque sorte."

La politique de recrutement des chefs d’établissement de l’AEFE, qui tient de moins en moins compte des qualités humaines du personnel recruté, s’apparente de plus en plus à celle d’une multinationale de l’Éducation à la Française qui doit être rentable à long, mais aussi à court terme. Pour permettre au personnel de Direction d’atteindre les objectif de leurs lettres de mission, l’Agence semble prête à leur laisser carte blanche, sans se soucier des abus d’autorité des administratifs qui confondent "domination" et "pouvoir".

Alberto Crespo-Pondichéry- Inde

article R421-9 (rôle du chef d’établissement) ;



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