Entrepreunariat social, champs de coton et esclavage moderne
par
Appel à dons
« Du travail gratuit camouflé en apprentissage. De l’esclavage moderne déguisé en action sociale. »
Décidément, l’époque est à l’innovation en termes d’exploitation par le travail. Des nouveaux rapports de domination fleurissent aux fenêtres d’un pays en état de ruine sociale et idéologique.
Le 30 Mars 2020, le préfet de Seine-et-Marne appelait dans un communiqué à la « mobilisation des réfugiés face aux difficultés de recrutement rencontrées par la profession agricole et pour répondre aux besoins en main-d’œuvre exprimés » durant cette période d’épidémie. Il demandait ici la collaboration des « gestionnaires des hébergements d’urgence des demandeurs d’asile du département » pour inciter les personnes exilées à faire offrande de leur force de travail aux maraichers « ne disposant pas de la main d’œuvre saisonnière étrangère nécessaire » pour ramasser leurs fraises et leurs asperges.
#coronavirus #agriculture
Les réfugiés en renfort !
Face aux difficultés de recrutement rencontrées par la profession agricole et pour répondre aux besoins en main-d’œuvre exprimés, le Préfet de #SeineEtMarne mobilise les réfugiés.
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— Préfet de Seine-et-Marne (@Prefet77) March 30, 2020
C’est maintenant au tour de l’Aquitaine qui reproduit cette idée qu’ils jugent excellente. L’association bordelaise Ovale Citoyen organise la liaison entre des réfugié.e.s sans activité professionnelle et des exploitant.e.s agricoles en manque de personnel à cause de la pandémie de Covid-19. Le président de cette association, Jeff Puech, revendique fièrement son engagement dans « le combat économique » qui se résume par un manque cruel de main d’œuvre agricole. Il rejoint un appel lancé dès le mois de mars par le ministre français de l’Agriculture, lequel avait encouragé les personnes sans activité à rejoindre "la grande armée de l’agriculture française" sujette à un manque de 200 000 travailleurs saisonniers. Le vocabulaire guerrier est toujours au cœur des logiques de domination, à l’instar de l’appel à la mobilisation des tirailleurs étrangers dans l’armée française en 1940.
Comme si le danger encouru par les travailleur.se.s en période d’épidémie du coronavirus touchait moins les personnes exilé.e.s. Ou comme si c’était moins grave qu’une personne née à l’étranger soit confrontée à la maladie plutôt qu’une personne née en France.
Cette conception archaïque de « la hiérarchie des races » rappelle aussitôt cette conversation surréaliste entendue en direct il y a quelques semaine à la télévision entre Jean-Paul Mira, chef de service de médecine intensive et réanimation à l’hôpital Cochin, qui demandait à Camille Locht, directeur de rechcerche à l’Inserm de Lille : « Si je peux être provocateur, est- ce qu’on ne devrait pas faire cette étude en Afrique, où il n’y a pas de masques, pas de traitements, pas de réanimation, un peu comme c’est fait d’ailleurs sur certaines études avec le sida ou chez les prostituées : on essaie des choses parce qu’on sait qu’elles sont hautement exposées. Qu’est-ce que vous en pensez ? »
Son interlocuteur lui rétorquait alors : « Vous avez raison, d’ailleurs. On est en train de réfléchir en parallèle à une étude en Afrique avec le même type d’approche, ça n’empêche pas qu’on puisse réfléchir en parallèle à une étude en Europe et en Australie. »
Je rêve ou ces imbéciles prennent délibérément les Africains pour des cobayes ?? #Scandaleux #Honteux pic.twitter.com/gkKav14iov
— ROHFF (@rohff) April 2, 2020
Il n’aura pas fallu attendre l’épidémie du covid19 pour que des « entrepreneurs sociaux » flairent le buisness et créent des actions autour de l’insertion des réfugié.e.s par l’activité agricole. Le géant SOS Solidarité, présidé par Jean-Marc Borello, proche conseiller de Macron et connu pour les agressions sexuelles qu’il a commis contre ses employé.e.s, en a été l’instaurateur. En 2017, le groupe rachète l’association Fermes d’Avenir et créé son programme de compagnonnage, censé accompagner des réfugié.e.s en grande précarité vers l’emploi. Ces derniers se retrouvent alors pendant une longue année, en « formation »dans diverses exploitation agricole du pays et ne sont jamais payés. Du travail gratuit camouflé en apprentissage. De l’esclavage moderne déguisé en action sociale.